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De l’usage sur la voie publique des engins électriques

Même s’ils sont en vente dans les commerces et en plein essor sur l’espace public, monoroues et hoverboards sont interdits sur les trottoirs et les routes. Seuls les Segway et les trottinettes électriques ne dépassant pas les 20 km/h sont autorisés sur la route et les pistes cyclables. INFOGRAPHIE LAGRUYÈRE

PAR PRISKA RAUBER

Il n’y a pas qu’à Paris ou Berlin que la problématique se pose. Trottinettes électriques, Segway, hoverboards ou monoroues séduisent de plus en plus d’usagers, ici aussi. Et le même flou plane sur les dispositions légales qui entourent leur utilisation sur la voie publique. Peuton circuler sur le trottoir avec un hoverboard? Avec une trottinette électrique? Doit-on porter un casque? Faut-il un permis? Des phares?

«Le marché de ces nouveaux engins de loisirs explose. Et il est assez compliqué de les regrouper dans les catégories existantes de la loi», concède Guido Bielmann, porte-parole de l’Office fédéral des routes (OFROU). Elle a été mise à jour en 2015 par la Confédération, pour réglementer l’usage exponentiel des vélos électriques. Mais, depuis, le marché a déjà évolué. Plus vite que l’élaboration de nouvelles lois.

Ainsi, pour l’heure, les engins électriques autorisés sur la voie publique entrent dans la catégorie des cyclomoteurs légers et sont soumis aux mêmes règles de circulation que les vélos. Ils ne sont pas beaucoup en réalité. Car les monoroues, les e-skateboards et les hoverboards sont carrément interdits de routes, trottoirs, pistes cyclables et même de zones de rencontre. Ils sont uniquement autorisés sur les terrains privés.

Les trottinettes interdites

«C’est une question de sécurité, souligne Guido Bielmann. Ces engins n’ont notamment pas de freins.» Et le porte-parole de rappeler que la sécurité est le principe de base qui soustend la réglementation routière. «Celle de tous les usagers, y compris ceux de ces engins.» S’il reconnaît leur côté pratique, leurs bienfaits pour le physique de leur utilisateur autant que pour le climat, il invoque le fait «qu’en vingt-cinq ans, le volume de la circulation a doublé. Sa densité fait sa complexité.»

Les trottinettes électriques qui peuvent rouler à une vitesse supérieure à 20 km/h sont elles aussi interdites sur la totalité de la voie publique. Le saiton seulement? «Il est indéniable que des gens qui achètent une trottinette rapide ont l’intention de l’utiliser pour se déplacer, de la gare au travail ou de la maison au magasin. Mais c’est aux gens de se renseigner sur ce qui est admis ou non et aux vendeurs d’informer.» Ces derniers peuvent toutefois jouer sur les mots. Indiquer qu’ils sont interdits sur la route ne signifie pas qu’ils sont autorisés sur les trottoirs.

Freins et feux

Sont donc admis sur la voie publique uniquement les Segway et les trottinettes lentes, c’est-à-dire dont la vitesse maximale est de 20 km/h. Les règles qui s’appliquent aux vélos faisant foi, ils sont par conséquent interdits sur les trottoirs. Ils sont tenus de circuler sur les pistes cyclables et sur les routes. Les trottinettes doivent en outre être équipées de deux freins indépendants, un pour chaque roue, ainsi que d’un feu blanc à l’avant et d’un feu rouge à l’arrière. Le casque n’est pas obligatoire, mais conseillé.

Agés de 14 ans au minimum, et jusqu’à 16 ans, leurs utilisateurs doivent être titulaires d’un permis de vélomoteur. «Une garantie qu’ils ont suivi une formation sur les règles de la circulation routière», précise le porte-parole de l’OFROU. Dès 17 ans, aucun permis n’est requis. Les gyropodes Segway doivent en plus être immatriculés (car classés dans la catégorie des cyclomoteurs, comme les vélos électriques rapides). ■


Des espaces à se partager

Les utilisateurs de monoroues, d’hoverboards ou de trottinettes électriques rapides circulent aujourd’hui sur la voie publique dans l’illégalité. Ils peuvent donc écoper d’une amende atteignant des centaines de francs (une quarantaine de francs pour des infractions avec des véhicules autorisés, comme rouler sur un trottoir avec une trottinette électrique lente).

Cependant, sous la pression des distributeurs de ces nouveaux moyens de locomotion notamment, leurs conditions d’admission à la circulation vont peut-être s’assouplir. «Nous observons l’évolution technique de ces engins. Si les dispositifs de sécurité augmentent, la Loi fédérale sur la circulation routière sera peut-être révisée», précise Guido Bielmann.

Mobilité piétonne suisse, l’association des piétons, affiche sa réticence. «La séparation entre le chemin piéton et la chaussée s’estompe toujours plus en défaveur des piétons et l’autorisation progressive de véhicules motorisés sur les surfaces piétonnes, la facilitation et l’extension de leur utilisation mènent à un point de non-retour», écritelle dans sa prise de position intitulée «Pour des surfaces piétonnes au rythme du pas».

Le Bureau de prévention des accidents (BPA) abonde: «L’abaissement des exigences légales entraînerait une augmentation du potentiel de conflits sur les aires de circulation, a-t-il communiqué en avril. Les cyclistes partagent déjà les infrastructures cyclables avec de plus en plus de vélos électriques lents et rapides. Et sur les trottoirs, ils peuvent s’avérer particulièrement dangereux pour les enfants et les personnes âgées.»

Cela dit, dans le canton, depuis le 1er janvier 2018, un seul accident de la circulation impliquant ces engins (une trottinette électrique) – pour lequel la police a été sollicitée – a été enregistré. Au niveau des statistiques fédérales, ils sont classés sous «autres». Difficile donc de savoir combien d’accidents de ce type surviennent par année. PR

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