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«Genève a les banques, Bâle la pharma et la Gruyère le bois»

La vitalité du marché du bois dans le canton est aussi garantie par les 14 scieries encore présentes sur le territoire fribourgeois, dont l’une des plus importante du pays, Despond SA. ARCH - A. VULLIOUD
Philippe Huwiler

Philippe Huwiler

4 février 2023 à 06:00

Le Sud fribourgeois cultive une longue tradition des métiers du bois, reconnue loin à la ronde.

Les entreprises de menuiserie, charpente et ébénisterie ont l’habitude d’exporter leur savoirfaire hors du canton.

A quelques jours de l’ouverture du Salon bois, nous tentons d’évaluer l’importance de ce secteur pour la région.

PHILIPPE HUWILER

ÉCONOMIE. Le menuisier fribourgeois n’a rien du plombier polonais, mis à part qu’il s’exporte très bien. Depuis des décennies, le savoir-faire des entreprises du canton dans la transformation du bois est reconnu loin à la ronde.

L’Association fribourgeoise des entreprises de menuiserie, ébénisterie, charpenterie et fabriques de meubles (AFMEC) regroupe 170 membres qui représentent 2000 collaborateurs. Rien que dans le sud du canton, ce sont 80 sociétés qui sont réparties entre la Glâne (21), la Gruyère (41) et la Veveyse (18). En incluant les petites structures et les indépendants, le secteur se compose de quelque 400 sociétés sur sol fribourgeois, pour un total de 2600 personnes.

Gros vivier de pros

Pascal Schwaab, président de la Fédération romande des entreprises de charpenterie, d’ébénisterie et de menuiserie (FRECEM) confirme l’importance du secteur pour la région: «La Gruyère abrite un gros vivier de professionnels. Cela correspond à une longue tradition de la construction bois dans les régions préalpines. Et Fribourg est l’un des cantons où il y a le plus d’entreprises liées au bois par rapport à la densité d’habitants.»

Pascal Sallin, président de l’AFMEC abonde: «Les entreprises fribourgeoises de menuiserie, d’ébénisterie et de charpente sont réputées pour la qualité de leur travail. Et dans le canton, les métiers du bois sont à la mode, puisqu’il y a actuellement 450 apprentis en formation.»

Un prix et du savoir-faire

«Rien qu’en Gruyère, on est trop de menuisiers charpentiers pour trouver assez de travail dans la région», constate Pierre Pittet, fondateur de Pittet Frères à Vaulruz, qui emploie 25 personnes et réalise un tiers de ses chantiers hors du canton. «On a de bons clients à Genève. On les connaît depuis longtemps et ils font régulièrement appel à nous. Certains architectes de Lausanne nous mandatent également. Après, il y a le bouche à oreille.» Même en se déplaçant à Genève ou Lausanne, les entreprises du canton restent concurrentielles grâce au rapport qualité-prix de leur travail, estime Pascal Sallin. «Le menuisier fribourgeois, même avec le transport, sera moins cher que l’entreprise genevoise et la qualité du travail sera au moins égale voire meilleure. Nos entreprises sont demandées avant tout pour leur savoir-faire.» Et Pierre Pittet d’imager: «Bâle a la pharma, Genève les banques, et en Gruyère, il y a des menuisiers et des charpentiers.»

Pionnier dans le bois local

Daniel Ingold, directeur du Codetec, l’Office romand de Lignum (qui représente la filière bois) reconnaît que notre canton a fait œuvre de pionnier: «Ce qui différencie Fribourg des autres cantons, c’est le recours aux filières courtes, avec cette volonté d’utiliser du bois local.»

Pour le directeur de la Codetec, si Fribourg a su conserver sa tradition de construction bois, c’est aussi grâce au maintien de ses scieries. Elles sont encore 14 au total, dont l’une des plus importantes du pays, l’entreprise Despond. «Ce qui est intéressant, c’est le nombre de petites et moyennes scieries qui subsistent, alors que dans d’autres cantons, elles sont en forte diminution», constate Daniel Ingold.

A Botterens, celle de Fran- çois Tornare transforme chaque année entre 3500 m3 et 4000 m3 de grume de la région «On achète le bois à une distance maximale de 25 km autour de la scierie, explique-t-il Et notre clientèle se trouve dans le même rayon. On sent que les clients sont sensibles à la matière locale.»

Du béton et du bois

Daniel Ingold confirme que le bois local a clairement le vent en poupe. «Les grands acteurs du marché de la construction s’y mettent, notamment pour des raisons environnementales, mais pas uniquement. Ils se rendent compte que les institutionnels, les cantons et les communes font cette démarche de promotion du bois. C’est aussi pour ne pas être exclus de certains marchés qu’ils s’intéressent au bois.»

Bientôt centenaire, le Groupe JPF a de tout temps travaillé le bois, même si c’est davantage la couleur béton qui le caractérise. Avec la fusion de l’entreprise vaudoise Ducret Orges et la création de JPF-Ducret en 2013, l’entreprise a fortement développé son activité bois. «A l’époque, nous avions 50 à 60 collaborateurs dans le domaine, se souvient le directeur Jacques Pasquier. Aujourd’hui, il y en a 250, sur un total d’un millier d’employés.

Cela correspond à l’évolution du marché du bois, pour lequel il y a une très grosse demande aujourd’hui. Et l’utilisation du bois va continuer d’augmenter dans la construction.»

Et Pierre Pittet de conclure: «On est en retard dans l’assainissement de notre parc immobilier. Les vieilles maisons qu’il faut isoler, les toits qu’il faut refaire, pour répondre aux volontés d’économie d’énergie… S’il y a de l’argent et que les taux d’intérêt ne montent pas trop, tout est là pour avoir beaucoup de travail durant bien des années.» ■


Le bois dans tous ses états

Pour la 16e fois, le bois tiendra salon à Espace Gruyère à Bulle du 9 au 11 février. Une centaine d’exposants de toute la filière présenteront les grandes tendances actuelles.

De la forêt au meuble, en passant par la rénovation de bâtiment ou les pellets pour le chauffage, le Salon bois offre une vitrine aux innovations dans les diverses utilisations du matériau. Il propose également des conférences et des événements destinés aussi bien aux professionnels qu’aux propriétaires et aux particuliers. Les enfants et adolescents ne seront pas oubliés, puisque le Salon propose samedi de les initier au montage d’un nichoir. L’hôte d’honneur de cette cuvée 2023 est le Laboratoire des constructions en bois (IBOIS) de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne.

Vingt ans après la première édition en 2003, «le Salon bois s’est imposé comme la plate-forme de référence en Suisse romande dans le domaine», précise le communiqué de presse. PH

Bulle, Espace Gruyère, jeudi 9 février, 10 h-21 h, vendredi 10, 10 h-18 h, samedi 11, 10 h-17 h. www.salonbois.ch

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