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Gruyère

L’effet «waouh!» passé, les drones sont mal vus

Légers et peu onéreux, les drones se sont largement répandus au-dessus de nos têtes. D’autant qu’aucun brevet n’est nécessaire pour les piloter. Reste des règles, pas toujours respectées, notamment au-dessus de la cité et du château de Gruyères.

PAR SOPHIE ROULIN


Une vue imprenable sur une ville, un monument, une plage… Plus besoin de s’offrir l’hélicoptère pour prendre des clichés à couper le souffle. Un drone suffit. Si aucun permis n’est nécessaire pour piloter un de ces engins, des restrictions existent. Pour des questions de sécurité, il est notamment interdit de survoler une foule ou d’entrer dans un périmètre de 5 km autour d’un aérodrome. Deux règles qui sont souvent transgressées à Gruyères, où le ch�teau et la cité séduisent beaucoup d’amateurs d’images aériennes.
«Nous sommes régulièrement confrontés à des intrusions de drones, témoigne Felipe Dos Santos, conservateur du ch�teau. Nos gardiens surveillent le ciel durant leur tournée et nous intervenons à chaque fois que c’est possible.» Si le pilote est localisé, une discussion est engagée. «Si on n’arrive pas à rentrer en contact direct, on lui signifie via les images qu’il filme qu’il n’a pas le droit d’�tre là.»
En général, les échanges sont cordiaux et les pilotes compréhensifs. «Il y a beaucoup d’ignorance et d’inconscience, ajoute Felipe Dos Santos. Les gens ne se rendent pas compte des risques qu’ils prennent et qu’ils font prendre aux autres.» Le conservateur s’inquiète pour la sécurité du patrimoine et du public: «Une manœuvre mal contr�lée, une défaillance technique ou un coup de vent sont vite arrivés.»


La Suisse très libérale
Peu chers, les drones se retrouvent souvent dans les mains d’un public peu expérimenté. «Il y a eu une recrudescence de survols après Noël», raconte Felipe Dos Santos. La Suisse a en effet une pratique très libérale par rapport aux drones, comme le souligne le Bullois Marc Luthy, producteur auprès de Horsform SA. Basée à Fribourg, cette entreprise spécialisée dans la communication multimédia propose des prises de vue professionnelles par drone depuis deux ans.
«On a l’effet “waouh!” d’une image aérienne, sans les coûts, poursuit Marc Luthy. Et sans les contraintes, puisque, en gros, dans notre pays, il suffit d’avoir une bonne RC et de se tenir éloigné des groupes de plus de 24 personnes en rang serré.» Un brevet n’est demandé que pour les appareils de plus de 30 kilos. «C’est énorme. Je n’en ai d’ailleurs jamais vu. Le mien pèse trois kilos.» Selon le spécialiste, une bonne pratique reste toutefois souhaitable: «Le pilote doit garder le drone en vision directe. Mais quand l’engin est à plus de 50 mètres, il devient difficile de savoir s’il se trouve devant ou derrière le sujet filmé. Mieux vaut garder une bonne marge.»


Permissions accordées
Le ch�teau de Gruyères? «On l’a déjà filmé, répond Marc Luthy. Il suffit de prendre contact avec l’aérodrome et de demander une permission.» Permission rarement refusée, selon André Gachet, chef de place à l’aérodrome d’Epagny. «On a sans arr�t des demandes. Les gens sérieux nous contactent.» La principale inquiétude du chef de place est que la cité comtale se situe dans la zone utilisée par les avions pour faire leur volte d’atterrissage.
A l’aérodrome aussi, la pratique est d’intervenir directement auprès des pilotes. «Si on contacte la police, le temps qu’elle arrive, le bonhomme est souvent déjà parti.» Sur les douze derniers mois, la police a reçu une quinzaine d’appels dénonçant des problèmes avec des drones.
«On a enregistré une seule plainte, précise le porte-parole Frédéric Marchon. Un drone était tombé sur une voiture. Le temps que le chauffeur fasse demi-tour, il n’a pas retrouvé le propriétaire de l’engin.» L’incident était bénin, mais une enqu�te a été ouverte. Elle n’a pas permis d’identifier le détenteur de l’engin, une situation qui pourrait changer si une puce obligatoire est introduite (lire ci-dessous).
Au ch�teau, le conservateur n’envisage pas la mise en place de mesures plus drastiques pour lutter contre ces intrusions: «C’est une réflexion que nous devons mener avec la commune. Mais j’aimerais qu’on puisse clairement afficher le fait que les drones sont interdits au-dessus de la colline.»

 

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Drones bient�t enregistrés

Les drones pourraient bient�t �tre équipés d’une puce en Suisse. La Confédération planche sur un système d’enregistrement obligatoire. «D’autres pays, européens et asiatiques, sont en train de réfléchir à l’introduction d’un tel système», explique Urs Holdegger, porte-parole de l’Office fédéral de l’aviation civile.
L’industrie est également réceptive à ce sujet. Un élément important, car les directives comme le marquage par puce doivent �tre prises en compte déjà lors de la fabrication. Avec ce système d’enregistrement, la Confédération souhaite pouvoir mettre plus facilement la main sur les pilotes fautifs. «Mais il ne s’agit pas de créer une surveillance étatique», souligne Urs Holdegger. Actuellement, les pilotes qui ne respectent pas certaines règles ne se font presque jamais pincer. Gr�ce à une puce, il serait par exemple possible de retrouver un pilote qui a fait voler son drone de manière illégale au-dessus d’un rassemblement. L’application du système est toutefois complexe. Cela va «durer un moment», avant que les bases légales ne soient élaborées, ajoute Urs Holdegger. ATS

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