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Gruyère

Manquer les vacances de Noël équivaut-il à rater sa saison?

A Bellegarde, malgré le vert environnant, la société Bergbahnen Jaun-Gastlosen continue de proposer une piste pour les enfants. JEAN-BAPTISTE MOREL
François Pharisa

François Pharisa

31 décembre 2022 à 06:00

Plombées par le redoux, les stations gruériennes se démènent malgré tout pour sauver ce qui peut l’être. Et elles ne manquent pas d’idées.

FRANÇOIS PHARISA

PRÉALPES. Jusqu’à 15°C ce samedi à Charmey et à Moléson-Village, et 8°C à 2000 m. Le week-end s’annonce printanier. L’air doux provenant de l’Atlantique et de la Méditerranée qui enveloppe le pays depuis plusieurs jours devrait se maintenir cette semaine, selon Météo-Suisse.

Idéal pour les promeneurs. Cauchemardesque pour les stations de basse et moyenne altitudes. Synonymes d’un gros chiffre d’affaires quand les pentes sont enneigées, les vacances de Noël/Nouvel An compteront pratiquement pour beurre cette année. Manquer ces quinze jours de relâches équivaut-il à une saison hivernale ratée? Les directeurs des remontées mécaniques de la région ne cachent pas leur inquiétude, mais nuancent le propos.

Cette semaine, les remontées charmeysannes ont accueilli 250 à 300 personnes par jour. Contre 1500 à 2000 quand la neige daigne recouvrir les pistes de son manteau. C’est environ 85% de rentrées en moins… «Les vacances de fin d’année représentent 20% à 25% de nos visiteurs de la saison d’hiver. Alors, on fait ce qu’on peut, on se bat pour limiter les pertes, car celles-ci ne se rattraperont pas», regrette Claude Gendre.

On fourmille d’idées

Pour le codirecteur de Télécharmey, ce trou d’air «fragilise la société pour le reste de la saison. Nous sommes en train de griller notre marge. S’il fait aussi chaud qu’aujourd’hui à Carnaval, alors salut biscuit!» L’absence de neige est aussi préjudiciable pour le personnel qui travaille sur appel. «Lors des jours de forte affluence, Télécharmey emploie jusqu’à une centaine de temporaires, moniteurs de ski compris. Ces jours, ces personnes n’ont pas de revenu. C’est difficile.»

Heureusement, pour faire vivre Vounetz, l’équipe de Télécharmey fourmille d’idées. En plus du jardin des neiges pour les débutants, qui a pu être maintenu, le parc hivernal du Bounè Rodzo a été déplacé au sommet. La station propose aussi, entre autres, une piste de snowtubing, une activité de pêche sous glace et des matches aux cartes dans les télécabines. «On se démène pour faire vivre le sommet!»

Tout autant qu’à Moléson, qui a activé son plan sans neige dès le 26 décembre et qui misent sur l’offre de brunchs de ses différents restaurants. A Bellegarde aussi, Barbara Schorro s’active pour sauver ce qui peut l’être. «Bien sûr, le manque à gagner pendant ces vacances va laisser un trou dans la caisse. Mais on fait le nécessaire pour au moins offrir une piste pour les enfants et la piste de course pour les entraînements du ski-club», relève celle qui chapeaute les remontées mécaniques et l’Office du tourisme.

Au téléphone, elle confie en avoir «un peu marre» de répondre aux questions des télés, radios et journaux sur le manque de neige. «Il n’y a pas que le ski. Venez voir! A Bellegarde, l’hôtel fait le plein, les restaurants tournent, les gens viennent se balader, découvrir la crèche dans la chapelle, participent à des matches aux cartes… Il y a à faire.» Et de lancer un appel aux amateurs de glisse pour qu’ils «pensent aux stations locales quand la neige fera son retour».

Ski de fond à Bellegarde

Particularité jauner, on continue de pousser sur les skis de fond malgré le vert environnant. Une fine boucle de 800 mètres recouverte de neige fait de la résistance.

«Sans la neige conservée durant l’été grâce au snowfarming, notre boucle serait plus courte», assure Fabrice Schuwey, membre du ski-club et instigateur du projet (La Gruyère du 8 novembre). «Cette neige rend la couche plus résistante aux intempéries, elle sert de fond, poursuit-il. Et on a complété avec de la neige artificielle grâce à un canon que nous avons pu faire tourner quelques nuits assez froides.»

Malgré tout, l’expérience ne sera pas renouvelée l’hiver prochain. «Nous savons désormais que le snowfarming fonctionne. Mais nous allons attendre la concrétisation de notre projet de centre nordique pour relancer l’expérience», confie Fabrice Schuwey.

Pas de ski de fond à La Berra, mais un téléski et une piste de ski alpin pour les enfants. L’Ecole suisse de ski y dispense ses cours.

«Garder ce bout de piste était une priorité. Et, sans nos canons, nous n’y serions pas parvenus. Les enfants peuvent ainsi essayer les skis et le casque reçus à Noël», relève Bruno Sturny, qui garde le sourire malgré tout. Quant au télésiège, il fonctionne pour les promeneurs et les clients du restaurant.

Le directeur des remontées mécaniques de La Berra veut y croire. «Affirmer que la saison hivernale se joue entièrement ou presque sur les vacances de Noël me semble exagéré. C’est clair, financièrement, c’est compliqué, mais ce n’est pas la première fois que ça arrive.» Et ce ne sera probablement pas la dernière non plus. ■


Les patinoires en profitent

Mercredi après-midi à la patinoire provisoire du Pâquier, il fallait prendre son mal en patience pour louer des patins et il fallait maîtriser l’art du slalom une fois sur la glace. «C’était bondé. Nous avons accueilli plus de 220 personnes. Une affluence rare pour du patinage public», se réjouit Dominique Both, responsable technique et logistique à Espace Gruyère. La patinoire du Pâquier, inaugurée le 24 octobre et fonctionnelle jusqu’au 8 janvier, est ouverte seize heures par jour, dont quatre sont dédiées au public. «Par rapport à Espace Gruyère, nous accueillons cette semaine 15% à 20% de patineurs en plus. C’est sans nul doute lié à la météo et au manque de neige», explique Dominique Both. Après le 8 janvier, «deux à trois semaines» seront nécessaires au démontage de l’infrastructure. La glace d’Espace Gruyère sera à nouveau accessible.

La patinoire de la Scie, à Charmey, connaît aussi «une jolie fréquentation», au dire de Matthieu Bucher, gérant pendant la saison hivernale. «Entre lundi et jeudi, nous avons enregistré quelque 200 entrées, ce qui est bien pour une petite patinoire comme la nôtre.» FP

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