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Gruyère

Sur les pas de l’abbé Bovet, dans son village natal de Sâles

La maison natale de Joseph Bovet à Sâles abrite aujourd’hui encore la boulangerie du village. Cela a inspiré le projet de la Commission seniors présidée par Isabelle Seydoux. BIBLIOTHÈQUE CANTONALE ET UNIVERSITAIRE DE FRIBOURG, FONDS JOSEPH BOVET, JOBO / JEAN-BAPTISTE MOREL
Philippe Huwiler

Philippe Huwiler

2 février 2023 à 06:00

Avant de devenir le célèbre abbé chantant, Joseph Bovet est né en 1879 à Sâles où il a passé son enfance.

La Commission seniors de la commune réalise un sentier consacré à cet illustre personnage qui sera même statufié.

Ce projet intergénérationnel original sera inauguré en juin prochain.

PHILIPPE HUWILER

PATRIMOINE. A part une route à son nom et une plaquette commémorative fixée sur l’entrée de l’école, il ne reste plus grandchose de l’abbé Bovet à Sâles. Mais sa maison natale abrite encore l’actuelle boulangerie. La Commission seniors de la commune a donc décidé de mettre en valeur le village de son enfance, l’homme d’Eglise, sa musique et son influence sur l’art choral fribourgeois.

Ce projet prendra la forme d’un sentier de 2,6 km à travers le village. Six stations, agrémentées chacune d’un banc et d’un panneau à thème, jalonneront le parcours. Chaque panneau sera muni de deux QR codes: un pour le public et un spécialement pour les enfants. «On désire faire participer toute la famille. On veut que tout le monde se plaise sur ce sentier», expose Isabelle Seydoux, conseillère communale et présidente de la Commission seniors.

Projet intergénérationnel

Ces QR codes sont-ils vraiment adaptés pour les seniors? «Oui, répond-elle. Les seniors sont de plus en plus connectés. Et notre but est de réaliser un sentier intergénérationnel qui perdure. C’est pour cela qu’on a utilisé cette technologie, afin de pouvoir amener régulièrement de nouveaux contenus.» Les panneaux fixes et les données numériques sont alimentés par une iconographie et des textes de l’historienne Anne Philipona. «Dans les discussions avec la Commission, l’intérêt portait sur ce qui reste aujourd’hui de l’abbé Bovet, explique-t-elle. Notre génération a chanté du Bovet ou entendu parler de lui. C’est de moins en moins le cas chez les jeunes. C’est donc intéressant de faire ce sentier, parce que l’incroyable popularité qu’il a connue, aujourd’hui s’estompe.»

Un festival avorté

Pour ancrer l’abbé dans le décor du village de Sâles, une statue de Bovet en bois sera installée sur un banc devant l’église, en face de la maison natale. Cette œuvre, signée de l’artiste Raphaël Pache, sera inaugurée le 17 juin prochain, de même que le sentier. Joseph Bovet est né le 7 octobre 1879 à Sâles, dans l’actuelle boulangerie, que sa mère tenait déjà à l’époque, à côté de l’exploitation d’un petit domaine agricole. «Il a suivi l’école à Sâles, jusqu’à 13 ans. Il est ensuite parti pour le pensionnat St-Charles à Romont, puis le Collège St-Michel à Fribourg. Mais il rentrait les week-ends. Il est toujours resté très attaché à Sâles. Cela s’est traduit dans certains de ses chants», relève Anne Philipona.

D’après les recherches de l’historienne, il avait même prévu un grand spectacle pour les trois cents ans de l’église du village. «Il avait écrit un festival pour Sâles, qui n’a jamais été édité. Je l’ai retrouvé dans le Fonds d’archives Bovet à la BCU. Il aurait dû être mis en scène en 1942. En pleine Seconde Guerre mondiale, cette grande fête n’a pas pu être organisée. Et, après le conflit, Bovet est tombé malade. Le projet n’a jamais été réalisé.»

Pleins pouvoirs musicaux

Outre son tube Le vieux chalet, l’art choral occupera naturellement une place de choix sur ce sentier. L’abbé Bovet a en effet joué un rôle à tous les échelons musicaux et grandement contribué à faire de Fribourg un canton de chanteurs.

«Il a été pendant quarante ans professeur de chant pour les instituteurs en formation, précise Anne Philipona. Il leur a transmis ce rôle d’aller diriger des chorales et de faire chanter les paroissiens. On le retrouve au Conservatoire, à la tête de l’Orchestre de la ville de Fribourg, à la direction de plusieurs chœurs. Il est aussi à l’origine du mouvement cécilien, qui réunit les chorales paroissiales… J’aime bien cette formule de son biographe Patrice Borcard: “Il a reçu les pleins pouvoirs des autorités religieuses et civiles.”»

Et l’historienne de conclure: «A la période de la construction identitaire de la Suisse, l’abbé Bovet a renouvelé les chants patriotiques de 1848, d’inspiration radicale, pour les rendre catholico-compatibles.» ■


«On tenait une pépite»

La genèse de ce projet remonte à l’automne 2021, au cœur de la Commission seniors de la commune. Sa présidente Isabelle Seydoux raconte: «Notre idée initiale était d’installer simplement quelques bancs pour que les gens puissent se mettre à l’aise lorsqu’ils se baladent dans le village. Et puis une femme membre de la commission a émis l’idée de mettre sur pied quelque chose avec l’abbé Bovet, puisqu’il est né à Sâles. Et là, je me suis dit qu’on tenait une pépite.»

Pour réaliser un tel travail, la commission s’est entourée de deux professionnels: l’historienne Anne Philipona (pour les textes) et le typographiste Olivier Collaud de l’entreprise Entreligne (pour la création graphique).

La Commission est aujourd’hui en passe de réunir le budget de près de 40 000 francs, notamment grâce au partenariat «enthousiaste des entreprises communales et régionales, ainsi que de la commune», précise Isabelle Seydoux, un peu amère toutefois de n’avoir pas pu compter sur l’aide du canton. «Nous avons envoyé notre dossier l’automne passé. C’est une grande déception d’apprendre que nous ne sommes pas soutenus par le fonds de l’Etat pour les projets destinés aux seniors.» PH

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