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L’art choral fribourgeois sous la loupe des historiens

Proposé par la SHCF, ce cours public est l’occasion aussi pour la Fédération fribourgeoise des chorales de se questionner. D’autant que les activités de ses membres – ici Tutticanti en 2016 – sont mises à mal par la situation sanitaire engendrée par le Covid-19. ARCH - C. LAMBERT

PAR SOPHIE ROULIN

L’art choral est-il aussi viscéralement inscrit dans l’ADN des Fribourgeois qu’on le prétend? Quel rôle joue l’abbé Bovet dans cet attachement? Ces questions, la Société d’histoire du canton de Fribourg (SHCF) propose de les évoquer dans le cadre de son cours public 2020, intitulé Chanter en pays fribourgeois, éclairages (XVIe-XXIe siècle).

«On a longtemps rêvé de ce cours, avec beaucoup d’envies et de thématiques possibles pour l’aborder, a expliqué Anne Philipona, présidente de la SHCF, hier lors d’un point presse. Mais il n’a pas été facile à mettre sur pied, tant il est vrai que l’art choral est encore très présent et que des courants différents l’animent.» Plutôt que de chercher l’exhaustivité, la SHCF a fait le choix de donner des éclairages sur certains aspects, n’excluant pas de revenir sur le sujet dans le futur.

Six soirées sont au programme, du 26 novembre au 28 février, à l’aula du Collège de Gambach, assez grande pour permettre de respecter les prescriptions en vigueur actuellement. Chacune accueillera deux conférenciers pour des interventions de quarante-cinq minutes.

«Le Département de musicologie de l’Université de Fribourg nous a appuyés pour préparer ce cours, indique Serge Rossier, historien et membre du comité de la SHCF. Il nous a guidés et nous a aidés à balayer nos convictions pour poser les choses en professionnels.»

A la recherche des origines

Le premier volet s’intéresse à l’origine de la tradition chorale, dans la Renaissance, par une intervention d’Adriano Giardina, du Département de musicologie. Florence Sidler, du Répertoire international des sources musicales, traitera ensuite du chant chez les religieuses de Montorge, aux XVIIIe et XIXe siècles. «Ce travail de fond est mené avec le soutien de la Bibliothèque cantonale et universitaire, note Serge Rossier. Plusieurs projets sont en cours. Ils visent aussi à mettre à disposition des répertoires méconnus ou oubliés.»

Le 3 décembre, la SHCF accueillera Mathieu Schneider, de la Faculté des arts, à l’Université de Strasbourg. «Il évoquera comment les chants helvétiques ont imprégné le répertoire romantique du reste de l’Europe», poursuit Serge Rossier. Delphine Vincent, du Département de musicologie, reviendra, elle, sur le Ranz des vaches «dont l’influence va bien au-delà de la Fête des vignerons».

Caïti Hauck, qui travaille aussi bien à l’Université de Berne qu’à celle de Fribourg, comparera «les répertoires chantés dans ces deux villes aux destins croisés, souvent imbriqués, mais qui ont deux façons différentes d’aborder l’art choral», détaille Serge Rossier. Anne Philipona interviendra en deuxième partie de cette soirée du 7 janvier pour parler de l’avènement de la Suisse moderne et du rôle du chant comme véhicule de valeurs. «Elle abordera aussi cette question de savoir dans quelle mesure les Fribourgeois ont intégré qu’ils sont naturellement tous chanteurs», ajoute l’historien.

Carte blanche à Orlando

Luca Zoppelli, du Département de musicologie, reviendra le 14 janvier sur la musique que pouvaient entendre les Fribourgeois au début du XXe siècle. Préfet de la Gruyère et historien spécialiste del’abbé Bovet, Patrice Borcard se demandera à quel point ce personnage est incontournable dans le paysage musical fribourgeois.

Un concert est agendé au 21 janvier. Il sera donné par l’ensemble professionnel Orlando. Son directeur Laurent Gendre, fin connaisseur du répertoire fribourgeois, a carte blanche pour illustrer l’ensemble du cours.

Enfin, pour conclure, la soirée du 28 janvier se veut prospective. Les compositeurs Valentin Villard et Jean-Fran- çois Michel parleront de leur travail, de la façon de composer pour des amateurs en 2020. Philippe Savoy et David Augustin Sansonnens dresseront le portrait de la Fédération fribourgeoise des chorales (FFC).

«En général, on est dans le faire et l’actualité, sans prendre le temps de la réflexion, note Philippe Savoy, président de la FFC. Ce cours est une occasion unique de nous arrêter et de nous questionner. D’autant qu’en cette période de Covid-19 on doit oser des chemins de traverse pour continuer nos activités et pouvoir créer d’autres événements.» ■

Informations et inscriptions sur www.shcf.ch

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