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Le déréglement du climat par le jeu

Les élus ont dû relier des cartes thématiques entre elles, afin de prendre conscience des relations de cause à effet. CHARLY RAPPO
Elodie Fessler

Elodie Fessler

28 janvier 2023 à 06:00

Des conseillers communaux et généraux du district ont participé à une fresque du climat mercredi, à Bulle. Un atelier ludique proposé par Graines d’avenir qui consiste à s’informer sur les problématiques climatiques.

ÉLODIE FESSLER

BULLE. «Non, la fonte de la banquise ne fait pas monter le niveau de la mer», lance Nicolas Pasquier, conseiller communal bullois. Mercredi, à la Résidence du Marché (ancien Institut Sainte-Croix), dans le cheflieu gruérien, une vingtaine d’élus provenant de dix communes du district ont participé à une fresque du climat. Point de coups de pinceau sur un mur, il s’agit d’un atelier ludique basé sur l’intelligence collective pour comprendre les causes et les conséquences du dérèglement climatique.

L’événement a été organisé par le collectif gruérien Graines d’avenir. «Le but de ces fresques est de donner aux gens un socle commun de connaissances scientifiques pour comprendre les changements climatiques. Il se base sur les données du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat», explique Florian Oberson, l’un des animateurs. Si ce genre d’atelier est déjà proposé au public (lire encadré), l’invitation était cette fois-ci lancée aux communes. «Car la transition écologique concerne tous les pans de la société: autant les individus que les entreprises et les politiques. C’est une responsabilité transversale», poursuit Florian Oberson. Et son collègue, Guillermo Fernandez, connu pour avoir mené une grève de la faim en 2021 sur la place Fédérale d’ajouter: «La fresque du climat met les gens face à la réalité. Elle donne un point de départ pour discuter plus loin: maintenant, qu’allons-nous faire?»

Partage de connaissances

Des cartes affichant chacune un aspect du dérèglement climatique sont distribuées aux participants répartis en petits groupes. Il faut ensuite les organiser dans le bon ordre. Certaines cartes semblent à portée de tout un chacun – biodiversité terrestre, énergies fossiles ou déforestation – tandis que d’autres s’avèrent plus complexes: «Ptéropodes et coccolithophores». Heureusement, le verso de la carte donne quelques explications: ce sont des micro-organismes possédant une coquille en calcaire. «On peut donc la placer avec celle des problèmes de calcification», avance un élu.

Les participants ont ensuite eu pour mission de relier les cartes entre elles à l’aide de feutres. Ressenti global: «Tout est relié, ça fait peur.» Chacun partage alors ses connaissances et ses réflexions. Membre du Conseil général bullois et étudiant à l’EPFL en environnement, Léo Jacquat (les Verts) semble dans son élément. «Je suis venu expérimenter ce format qui s’avère sympa. Plus que le partage de connaissances, je trouve intéressant de connaître le positionnement des autres. On n’a pas vraiment eu le temps de parler d’actions concrètes intercommunales. Pour ça, il faudrait plusieurs ateliers. Pourquoi ne pas demander au canton de libérer un budget?»

Dans les communes

Après une présentation du Plan climat cantonal par une représentante du Service de l’environnement, les élus ont ensuite découvert des exemples d’actions concrètes. «A Haut-Intyamon, on a déjà mis en place une des idées mentionnées, réagit le syndic Boris Fringeli. Durant cette législature, nous supprimons tous les chauffages à mazout des bâtiments communaux.» Quant aux transports scolaires, il indique qu’un projet est en cours, afin que ceux-ci soient uniquement réalisés en train. «Mais beaucoup de parents ont peur en termes de sécurité.» Sa voisine de table, Kirthana Wickramasingam, conseillère communale bulloise (ps) réagit: «Pourquoi ne pas mettre en place un pédibus pour le train?» «Pourquoi pas, oui. Sauf que notre commune est très étendue. Les gens sont éparpillés partout…»

Conseillère communale à Crésuz, Carole Pythoud relève que développer les transports dans sa commune «très pentue» semble compliqué. Elle repart néanmoins avec de nouvelles connaissances: «C’est intéressant de prendre le temps de discuter de cette thématique.»

Des idées pour le futur

La soirée a aussi séduit la conseillère générale bulloise Elodie Surchat (ps): «Cela m’a permis d’avoir plus de connaissances techniques et de faire plus de liens.» De quoi éveiller une idée de projet pour Bulle? «Je trouverais intéressant de réaliser une cartographie des îlots de chaleur, par exemple en voyant les différences de température entre les rues. Ce n’est pas une solution, mais ça permettrait une prise de conscience.»

Au terme de la soirée, Florian Oberson fait état d’un bilan positif. Le Gruérien imagine déjà une nouvelle piste: «Une fresque de la politique énergétique suisse, en invitant aussi des acteurs régionaux de la branche.» ■


Les Fresque du climat fleurissent

La Fresque du climat a été imaginée en 2015 par Cédric Ringenbach, un ingénieur français également conférencier sur le changement climatique. Ce dernier a alors fondé en 2018 son association qui permet à tout un chacun de se former comme animateur ou de s’inscrire comme participant. «La Suisse compte à ce jour 632 fresqueurs», relève Florian Oberson, qui animait jeudi son 15e atelier.

Le collectif Graines d’avenir a déjà réalisé plusieurs Fresques du climat dans la région. «Nous sommes par exemple allés dans une école du district former les enseignants.» A Bulle, Graines d’avenir donne rendez-vous au grand public le 3 de chaque mois impair. Les prochaines éditions auront lieu les 3 mars et 3 mai, de 18 h 30 à 21 h 30 à l’ancien institut Sainte-Croix. Les inscriptions s’effectuent sur www.fresqueduclimat.org. EF

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