Logo

Le gigantisme festif demande un peu de discipline...

Dans 100 jours très exactement, 250000 personnes pourraient converger vers la place de fête d’Estavayer 2016. Avant la dernière ligne droite, les organisateurs livrent quelques informations pour bien vivre «le plus grand événement sportif et festif de Suisse». Rencontre également avec le speaker officiel des fêtes fédérales de lutte depuis 1992.

PAR KARINE ALLEMANN


Ceux qui n’ont jamais vécu une F�te fédérale de lutte suisse avant celle d’Estavayer 2016 vont prendre une sacrée claque en approchant l’Arène de la Broye. Ainsi a été nommée l’enceinte de 52016 places qui accueillera la compétition le samedi 27 et le dimanche 28 août. Car, pour une Fédérale, tout est dans la démesure, le gigantisme. L’arène bien sûr, mais aussi la place de f�te dans son entier, qui devrait accueillir 250000 personnes sur les trois jours, dès le vendredi. Et puis, il y a tout le cérémonial qui accompagne la lutte suisse: les demoiselles d’honneur dans leur habit traditionnel, le défilé des prix vivants, l’entrée des lutteurs dans l’arène, les yodleurs…
La f�te battra son plein dans très exactement 100 jours. A l’occasion de cette dernière ligne droite, les organisateurs ont invité les médias pour une journée officielle en grande pompe, jeudi à Estavayer-le-Lac. «Nous sommes pr�ts et fringants!» a assuré Albert Bachmann, président pour le moins enthousiaste du comité directeur. «Samedi matin, nous serons pile à l’heure dans l’arène pour l’hymne national, sans quart d’heure vaudois», a-t-il souri avec un clin d’œil envers Béatrice Métraux, conseillère d’Etat vaudoise venue s’exprimer sur la collaboration entre les deux cantons, au m�me titre que son homologue fribourgeois Georges Godel. En effet, si la f�te est organisée par des Fribourgeois, elle aura lieu sur sol vaudois, plus précisément sur l’aérodrome de Payerne. Le point sur «la plus grande f�te sportive et festive de Suisse».

Billetterie
Comme le veut la tradition, 32000 billets ont été attribués aux clubs de lutte et à leurs membres. «Nous sommes très fiers qu’une grande partie des billets aille aux lutteurs», a relevé la directrice de la F�te Isabelle Emmenegger, qui reconnaît que les organisateurs auraient pu «vendre l’arène deux ou trois fois tellement il y a de demandes».
Une partie des billets étant réservée aux sponsors, il restera 4016 places pour le public, en vente dès le mardi 24 mai à 10 h. Sur le site starticket.ch, ou par téléphone au 0900 325 325. La vente est limitée à quatre billets par personne. Le prix des places varie de 50 francs (debout, samedi ou dimanche) à 215 francs (assis en catégorie 1, valable pour les deux jours). Des packs VIP sont aussi disponibles sur le site estavayer2016.ch.


Transports
C’est l’un des points central pour les organisateurs: assurer une fluidité vers l’arène. Pour ce faire, les organisateurs recommandent vivement les transports en communs. Des trains et des bus spéciaux sont prévus. Ces trajets ne sont pas compris dans le prix du billet  et les réservations sont obligatoires (horaires en ligne sur le site des CFF).
Dans la région, un train spécial Bulle-Romont-Fribourg partira samedi et dimanche matin à 5 h 10 en gare de Bulle. Les nuits de vendredi et samedi, un train spécial quittera Fribourg pour Bulle à 1 h 08.
Les voyageurs depuis Ch�tel-Saint-Denis pourront utiliser la ligne habituelle entre le chef-lieu veveysan, direction Palézieux et Payerne (départ à 5 h 39 de Ch�tel-Saint-Denis). Les retours seront plus compliqués à partir de 21 h.
«Nous espérons transporter 60% des visiteurs via les trains et les bus», souligne Vincent Ducroz, directeur des TPF et responsable des transports au sein du comité directeur.
Pour ceux qui voudront quand m�me venir en voiture, un parking payant «assez éloigné de la f�te» pourra accueillir 55000 véhicules. «Nous demandons de la discipline chez les conducteurs de voiture, espère Vincent Ducroz. Ils devront impérativement éteindre leur GPS et suivre les signalisations.» Dans l’Arène de la Broye, chacune des six tribunes est attribuée à l’une des six associations régionales de lutte. Une sortie d’autoroute différente est prévue pour chaque association.

Camping
Etendu sur 21 hectares, un camping pour tentes et camping-cars/caravanes pourra accueillir 20000 personnes dès jeudi matin et jusqu’au lundi 29 août à midi (réservation via le site estavayer2016.ch). Les nuitées sont payantes de vendredi à samedi et de samedi à dimanche, 30 francs par nuit et par personne (plus frais de réservation). Pour les camping-cars/caravanes qui, pour info, ne seront reliés ni en eau courante ni en électricité, la nuitée est également payante de dimanche à lundi.

Cérémonie d’ouverture
Albert Bachmann l’admet volontiers: «L’organisation, pour la première fois de l’histoire, d’une cérémonie d’ouverture le vendredi soir, a été une petite bagarre à mener contre l’Association fédérale. Mais nous tenions à le faire. Elle sera gratuite et permettra au public de découvrir l’arène.»
Dans les faits, après la réception de la bannière fédérale, amenée par voie fluviale à Estavayer dans l’après-midi, une cérémonie se tiendra dans l’arène, dès 17 h, le vendredi 27 août.
Un spectacle sur le thème Pays de Fribourg se composera de six tableaux: 1. «Vous avez dit Röstigraben?»; 2. Le pont de la Poya; 3. Le Pays du vitrail (des élèves de l’école Eikon ont imaginé 72 panneaux pour la création d’un vitrail de 80 m de long); 4. Estavayer-le-Lac; 5. Le nouveau chalet (un spectacle musicale de Michel Corpataux, avec une mise en scène d’André Pauchard et un texte revisité par l’auteur bullois Pierre Savary, également journaliste à La Gruyère); 6. Une désalpes et un ranz des vaches assuré par 80 choristes gruériens.

La f�te en soirée
Des concerts de musique populaire, folklorique (comme Oesch’ die Dritten) ou de variété sont prévus dans les différentes cantines, le vendredi et le samedi soir. Toutes ces animations sont gratuites.
Pendant le week-end, un écran géant permettra aux visiteurs qui n’ont pas de billet de suivre la compétition en direct, dans une arène pouvant contenir jusqu’à 5000 personnes. La compétition sera retransmise en direct par la RTS, qui aura comme consultants les anciens lutteurs du Club la Gruyère Gaby Yerly (également vice-président du comité directeur), Rolf Wehren et Nicolas Guillet.
Le soir, «des groupes et des DJ de renom se chargeront de créer une ambiance détendue jusque tard dans la nuit», précisent les organisateurs. On notera comme DJ des équipes de Radio Fribourg, Radio Bärn, Rouge FM et Radio Energy. A noter, dans cette arène extérieure, le concert pop des Suisses de 77 Bombay Street (vendredi à 21 h 30).

 

------------------------

 

Dagobert, vrai roi de la lutte


Dagobert Cahannes est le speaker officiel des f�tes fédérales de lutte depuis 1992. L’homme à la gouaille badine est celui qui a créé les codes, orchestré le cérémonial et édicté en règles la manière de commenter une f�te de lutte. Ancien porte-parole du gouvernement soleurois, le retrait domicilié à Granges était lui aussi à Estavayer-le-Lac jeudi.

Dagobert Cahannes, il paraît que la vraie star de la lutte, c’est vous?
Non, quand m�me pas! On m’a proposé de commenter la F�te fédérale de 1992, qui avait lieu à Olten, tout près de chez moi. J’étais déjà speaker des courses de ski du Lauberhorn. On m’avait dit: «Tu annonces juste les meilleurs lutteurs.» Avec un copain qui me donnait un coup de main, on a voulu en faire plus et annoncer chaque passe. Depuis, ça a bien évolué et on prépare ces f�tes dans le détail, comme une émission de télévision. Une tradition que j’ai inventée, c’est lors de l’entrée des lutteurs dans l’arène, le samedi matin. A 7 h 58 minutes et 50 secondes, je fais retentir la cloche du Big Ben de Londres. Ça fait monter une tension énorme.

Quel regarde portez-vous sur l’évolution de la F�te fédérale?
En 1992, tout était plus petit, et on n’avait pas toute cette technologie. Le soir, je me retrouvais dans un local avec des piles de papiers sur 50 mètres! Aujourd’hui, tout est dans le PC. Et nous sommes deux speakers en tribune, avec trois personnes en bas avec des radios qui nous donnent toutes les infos. Ça demande une immense concentration sur les deux jours. Alors, pas d’alcool et pas de cigare! Le soir, je vais me coucher.

Quel roi ou quel moment vous a le plus marqué?
Je dirais 2013 avec la victoire de Matthias Sempach, qui est un ami très proche. Comme je donne des cours de communication, il m’avait demandé des conseils, car il ne se sentait pas à l’aise avec les journalistes. Je lui ai proposé de passer toute une journée chez moi, avec son amie Heidi, et on a fait un entraînement média. Je lui ai expliqué que, quand un journaliste lui demande s’il a l’ambition de devenir roi, s’il répond «Oui bien sûr!» ou s’il répond «Devenir roi est le r�ve de tout lutteur», cela n’a pas le m�me effet. Je lui ai appris à se préparer avant les interviews, à réfléchir à quel message il souhaitait faire passer.
Quand il a gagné à Berthoud, ça a été un moment incroyable. Il était totalement dans sa bulle, le regard fixe et hyper concentré. Après sa victoire, tout à coup il s’est comme réveillé. Les canons ont retenti dans son village et il a été submergé par l’émotion. Je devais l’interviewer dans l’arène, mais j’ai vu ce qui lui arrivait. Alors j’ai fait deux pas en arrière, j’ai éteint le micro et je l’ai laissé profiter. Il a pleuré. C’est ce qui me fascine dans le monde de la lutte: franchement, ce sont des bons types. KA

 

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus