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Le grand Mikhaïl et le Petit Nicolas

Xavier Schaller

Xavier Schaller

29 décembre 2022 à 06:00

CARNET NOIR. Deux grands hommes sont morts en ce mois d’août: le dessinateur Jean-Jacques Sempé, le jeudi 11, et l’ancien secrétaire général du Parti communiste de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev, le mardi 30.

Si mes enfants connaissent bien le père du Petit Nicolas (photo), de Catherine Certitude et de Marcellin Caillou, ils ont davantage de peine avec celui de la perestroïka. C’est de ma faute, j’aurais dû laisser traîner sur l’étagère Mémoires. Une vie et des réformes au lieu de Vaguement compétitif ou L’intégrale du Petit Nicolas. Pas grave, je suis déjà content qu’ils soient sensibles à la douceur du trait de Sempé, à son humour délicat, à son regard décalé et jamais méchant sur le monde. Car lire Sempé, ce n’est pas éclater de rire, c’est fondre de tendresse avec un sourire au coin des lèvres.

Et pour Gorbi, rien n’est perdu et sa disparition m’a déjà donné le plaisir de rattraper le retard, en bassinant mes enfants durant quelques repas – c’est là que je peux les garder captifs – avec le communisme, l’URSS, la guerre froide ou le mur de Berlin. Sans oublier de les morigéner au passage sur l’importance d’être attentifs durant les cours d’histoire. A quoi sert-il d’avoir des enfants si on ne peut pas leur faire la morale de temps à autre ou les ennuyer avec nos souvenirs de vieux?

Vieux, mais quand même pas assez, à 50 ans, pour avoir eu vraiment peur de l’ogre soviétique. Il convient de rappeler, à nos jeunes lecteurs et à ceux qui ont la mémoire courte, qu’URSS est l’acronyme d’Union des républiques socialistes soviétiques. Mosaïque de quinze républiques, dont la plus grande et la plus influente était la Russie, longtemps ennemie de l’Occident, dit monde libre.

Bien sûr, une configuration où la Russie est l’ennemi numéro 1 de l’Occident, ça ressemble beaucoup à la situation actuelle. Sauf que c’était quand même vachement pire parce que les Russes d’alors avaient davantage d’alliés et, surtout, étaient communistes.

Bref, l’URSS a fonctionné tant bien que mal dès 1922, et de plus en plus mal jusqu’à sa dissolution en 1991. Et celui qui était alors aux commandes, c’est Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev. Nommé Prix Nobel de la paix un an plus tôt pour avoir contribué à la fin à la guerre froide, il avait tenté, dès sa nomination en 1985, de sauver le régime en le réformant. Mais sa perestroïka (restructuration économique) et sa glasnost (transparence) ont plutôt précipité la chute du bloc soviétique.

Le monde libre lui est donc éternellement reconnaissant, même si la suite de l’histoire, c’est un capitalisme sauvage, une démocratie balbutiante et Vladimir Poutine au pouvoir.

XAVIER SCHALLER


Août, ici et là-bas

2 La commune de Grandvillard annonce à sa population que le projet de ferme à saumons est abandonné.
4 Comme en 2015 et 2018, les hélicoptères Super Puma de l’armée suisse entrent en jeu pour alimenter en eau les alpages.
12 L’auteur des Versetssataniques Salman Rushdie, cible d’une fatwa depuis 1989, est poignardé lors d’une conférence dans l’Etat de New York. Il perd un œil et l’usage d’une main dans cette attaque.
18 Un violent orage touche la Corse, la Toscane et l’Autriche. Plusieurs personnes sont tuées.
25 Rentrée scolaire pour les 47 949 élèves fribourgeois.
26-28 La Fête fédérale de lutte et des jeux alpestres réunit 400 000 spectateurs à Pratteln, dans la banlieue de Bâle. Quatre Fribourgeois sont couronnés, mais aucun du Sud.


Ça a marqué la région

LA SÉCHERESSE

L’herbe n’est pas toujours plus verte chez le voisin

Les restrictions d’eau, on s’y fait. N’ayant pas de piscine et pas non plus l’habitude de laver ma voiture, je vis cela plutôt sereinement. La sécheresse sur les alpages, le soleil de 2015 et 2018 avait déjà joué ce sale coup. Ce n’était pas nouveau, y compris la ronde des hélicoptères, avec les Super Puma de l’armée qui entrent dans la danse quand les appareils privés ne suffisent plus.

Mais en 2023, la sécheresse s’est invitée jusque dans les champs de plaine, avec des paysages comparés – avec un peu d’emphase et pas mal d’exagération quand même – à ceux du Colorado. Toujours est-il que de l’herbe aussi jaune presque partout, de mémoire d’agriculteur, on n’en a pas vu souvent nous a-t-on certifiés. Presque partout, parce que suivant les sols et les microclimats, certains paysans ont fait de bons foins, même par chez nous.

Alors que leurs faucheuses, andaineuses et autochargeuses travaillaient et que leur bétail broutait au pré, leurs voisins regardaient une herbe brûlée jusqu’à la racine et distribuaient du foin en plein été. Situation d’autant plus préoccupante que la météo aride touchait une bonne partie de l’Europe, rendant hasardeux l’espoir d’importer le fourrage manquant.

Certains ont choisi de diminuer la taille de leur cheptel, d’autres ont misé sur un automne clément. Pari partiellement gagnant puisque des conditions particulièrement favorables ont permis de rattraper une partie du déficit estival. Pour cette fois, il semble donc que ça passe encore. XS

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