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Le premier ruban du Centre de santé est coupé

Les nouvelles salles de consultation, installées à droite de l’entrée principale, remplacent des locaux administratifs.
Elodie Fessler

Elodie Fessler

21 janvier 2023 à 06:00

  • De g. à dr.: Isabelle Gothuey du RFSM, le médecin généraliste Erwan Keravec, la directrice des Ligues de santé fribourgeoises Corinne Uginet, le conseiller d’Etat Philippe Demierre, le préfet de la Gruyère Vincent Bosson, la présidente du conseil d’administration de l’HFR Annamaria Müller et la cheffe du Service d’aide et de soins à domicile pour le RSSG Yolande Schorderet.
  • L’aile gauche est quant à elle occupée par la clinique de jour et un service ambulatoire de soins médico-infirmiers. Les curieux auront l’occasion de visiter le tout aujourd’hui lors de portes ouvertes. PHOTOS CHLOÉ LAMBERT

Le site de Riaz du Centre de santé du Sud fribourgeois a été inauguré hier matin.

 A l’HFR s’ajoutent différents prestataires de santé. Le but: offrir «des prestations ambulatoires de proximité et de qualité».

Jeudi, le comité de l’initiative H24 a, quant à lui, qualifié la situation à l’HFR «catastrophique». Il appelle la classe politique «à se réveiller».

ANGIE DAFFLON

SANTÉ. Le ruban est coupé, le site de Riaz du Centre de santé du Sud fribourgeois (CSSF) a été inauguré hier matin. Après près d’un an de travaux, pour un montant total de 1,5 million de francs (lire encadré), le site est prêt à accueillir patients, spécialistes et différents partenaires de santé en ses murs.

L’objectif d’un tel centre: offrir «des prestations ambulatoires de proximité et de qualité» à la population du Sud. Pour rappel, cette nouvelle structure s’inscrit dans la stratégie 2030 de l’Hôpital fribourgeois. Celle-ci prévoit un centre hospitalier équipé pour les cas complexes à Fribourg et des centres de proximité dans les régions.

L’inauguration a été l’occasion pour les intervenants de souligner l’importance du CSSF. «Au vu des défis à relever, il est fondamental de repenser intégralement notre système de santé», a souligné Vincent Bosson, préfet de la Gruyère et président du Réseau santé et social de la Gruyère (RSSG).

Il a notamment évoqué l’augmentation de la population dans le district et l’évolution des besoins de cette dernière. «Dans le contexte actuel de saturation des urgences dans toute la Suisse, ce centre de santé est un pas vers la bonne solution», a ajouté le directeur de la Santé et des affaires sociales, Philippe Demierre.

Offre élargie

A Riaz, ce centre suit la dynamique initiée avec la permanence et la maison de garde. Les consultations existantes sont maintenues (chirurgie, orthopédie, gynécologie, infectiologie, angiologie, etc.). S’y ajoutent celles «du Centre métabolique, du Centre multidisciplinaire évaluation et traitement de la douleur, des consultations de pneumologie, de rhumatologie, de neurologie, d’antalgie et d’anesthésie», liste l’HFR.

Outre son objectif principal, le CSSF veut faciliter le parcours de soins des patients en «favorisant le partage des informations médicales, notamment par les outils numériques développés par l’HFR», a annoncé Annamaria Müller, la présidente du conseil d’administration de l’HFR. La volonté est aussi de «contribuer à mettre en œuvre une organisation de garde médicale régionale autonome en favorisant la mutualisation des ressources des trois districts du Sud fribourgeois».

Synergies entre sites

En plus du site de Riaz, le CSSF se déploiera également à Billens et à Châtel-Saint-Denis. Le premier sera d’ailleurs inauguré vendredi prochain. L’idée est que ces différents sites soient complémentaires.

Vincent Bosson a rappelé le principe de gouvernance du CSSF. En haut de l’échelle, un comité stratégique assure le rôle d’autorité d’arbitrage et de surveillance. Ce dernier est composé des trois préfets, du directeur général de l’HFR et d’un représentant des communes de chaque district. Le comité est appuyé par une plateforme de coordination entre les sites qui doit développer des synergies entre ceuxci et s’assurer de la complémentarité de leurs prestations. Cette dernière est composée des propriétaires des sites et du RSSG, ainsi que de deux représentants des professionnels de la santé de chaque site. Enfin, notons que les trois sites sont autonomes financièrement (La Gruyère du 30 juin 2022).

A Riaz, le centre de santé est géré par l’HFR, propriétaire des lieux. Les autres sites du Sud sont la propriété des réseaux de santé des districts concernés. Ainsi, à Riaz, les prestations ambulatoires sont assurées par les médecins et prestataires de soins de l’HFR, complétés si nécessaires par des acteurs privés. A l’inverse, à Billens et Châtel-Saint-Denis, ce sont des médecins libéraux qui officieront, auxquels s’ajouteront, progressivement, des prestataires de l’HFR.

Coordonner et collaborer

Différents partenaires ont rejoint le CSSF à Riaz et adopté sa charte. Outre l’HFR, le RSSG y a établi son Centre de coordination et d’information. Celui-ci est rejoint par DiabèteFribourg, la Ligue pulmonaire et la Ligue contre le cancer qui proposent chacun différentes prestations.

Quant au Réseau fribourgeois de santé mentale (RFSM), il assure à Riaz une permanence psychiatrique (le numéro de téléphone des urgences psychiatrique, 026 305 77 77, deviendra au 1er février 026 308 08 08). Quatre demi-journées par semaine, un binôme médico-infirmier propose des consultations spécialisées pour les adultes. Un suivi de crise et des consultations pour personnes âgées sont aussi proposés selon les besoins.

Coordination et collaboration sont donc les maîtres-mots de ce travail interdisciplinaire. Selon Annamaria Müller, un tel système présente plusieurs avantages: contact et suivi de proximité, offre et accompagnement holistique, soutien à l’installation en cabinet, développement de nouvelles fonctions et formations, prestataires qualifiés et variés, ou encore nouvelles technologies. «Ces plus-values concernent donc les patients, les prestataires et le système de santé.» Pour le conseiller d’Etat Philippe Demierre, «sur le chemin vers un système de santé efficace, notre canton de Fribourg fait bonne route». ■


Portes ouvertes

Le site de Riaz du Centre de santé du Sud fribourgeois organise des portes ouvertes aujourd’hui samedi, de 9 h à 16 h 30. Divers ateliers informatifs et ludiques sont au programme, dont la pose de voies veineuses sur de faux bras, la pose de plâtres ou des exercices de physiothérapie.

Quatre conférences sont aussi prévues:

10 h. Les maladies des reins
11 h. Les douleurs chroniques
14 h. Le traitement invasif de la douleur
15 h. L’ostéoporose Le Centre de santé invite les intéressés à utiliser les transports publics (bus Mobul 201, arrêt Riaz Hôpital). Programme détaillé à l’adresse www.h-fr.ch dans l’agenda des événements.


Quatre étages de plus en 2025

Depuis la pose de la première pierre, en octobre 2021, plus d’un an s’est écoulé avant que le site de Riaz du Centre de santé du Sud fribourgeois (CSSF) puisse être inauguré. Des travaux ont été nécessaires pour adapter les locaux existants à ce nouveau centre. Ainsi, l’aile à gauche de l’entrée principale de l’hôpital constitue la clinique de jour et un service ambulatoire de soins médico-infirmiers dédié aux traitements. L’aile droite a vu un espace de consultations remplacer les locaux de l’administration. L’entrée principale devient ainsi un lieu d’accueil «informatif, convivial et relaxant», précise l’Hôpital fribourgeois.

D’autres partenaires sont toutefois intéressés à intégrer le centre, dont le Réseau santé et social de la Gruyère qui se sent à l’étroit dans ses locaux actuels et qui a déjà déplacé son Centre de coordination et d’information à Riaz. La place manque toutefois. Il est donc prévu de construire quatre nouveaux étages au-dessus de la clinique de jour. Marc Devaud, directeur général de l’HFR, a précisé que des plans avaient déjà été élaborés lors des réflexions pour la construction de l’hôpital actuel.

Cette nouvelle étape devrait être prête à la fin 2025. Une mise à l’enquête devrait dès lors être publiée dans le courant de cette année. Dans un troisième temps, Marc Devaud évoque la construction d’un autre bâtiment si le centre venait à avoir besoin d’encore plus de place. Il est toutefois encore trop tôt pour en parler, a-t-il confié. AD


«Il faut réveiller la classe politique»

Le comité de l’initiative H24 dénonce l’inaction des politiques fribourgeois face à la situation compliquée dans laquelle se trouve l’Hôpital fribourgeois.

SANTÉ PUBLIQUE. Le comité citoyen à l’origine de l’initiative «Pour des urgences hospitalières 24/24 de proximité» a tenu jeudi une conférence de presse. Cela afin de donner un signal d’alarme face à la situation de l’Hôpital fribourgeois (HFR) qu’il qualifie de «catastrophique». Une prise de parole qui intervient une semaine après que le Conseil d’Etat ait demandé un délai supplémentaire pour l’élaboration du contre-projet à l’initiative (La Gruyère du 5 janvier).

Pour les initiants, l’HFR se trouve «au bord du gouffre»: «Tous les voyants sont au rouge. Je fais un appel à la classe politique pour qu’elle prenne des mesures radicales», a lancé Marc Monney, président du comité d’initiative H24. Selon lui, il existe des solutions autres que la centralisation. «Il faut arrêter de se cacher derrière des situations de manque de personnel. Si on n’en trouve plus, cela signifie que quelque chose ne fonctionne pas au niveau de l’institution.» Marc Monney a aussi fait allusion au centre de santé de Riaz (lireci-contre). «Le conseiller d’Etat Philippe Demierre l’inaugure ce vendredi (n.d.l.r.: hier). La classe politique adore faire ce genre de choses, au lieu de se préoccuper des vrais problèmes.»

Crainte d’une privatisation

Les membres du comité sont revenus sur les mauvaises conditions de travail du personnel soignant impactant aussi la patientèle, sur les mesures d’économie, ainsi que sur la situation financière de l’HFR.

Gaétan Zurkinden, membre du comité et secrétaire régional du Syndicat des services publics, s’est aussi inquiété du risque de privatisation. «Une dynamique qui va actuellement dans cette direction avec les centres de santé. Le bloc opératoire du site de Riaz est déjà exploité à 50% par une entreprise privée.»

Exode de la patientèle

Vice-président du comité, le Gruérien Daniel Savary a mis en exergue l’exode des patients fribourgeois vers les hôpitaux des cantons limitrophes. «Une problématique qui coûte chaque année près de 100 millions à l’Etat», détaille-t-il. Il cite notamment les personnes de langue germanophone qui se tournent vers l’Hôpital de l’Ile, à Berne, et vers celui d’Aaarberg, dans le Seeland. «Ce réseau hospitalier se trouvant à côté du canton de Fribourg est bien plus dense et efficace.»

Pour Marc Monney, le message est simple: «Réveiller la classe politique fribourgeoise, car aujourd’hui, l’Etat ne fait rien pour son hôpital. Notre initiative a été qualifiée d’émotionnelle, mais aujourd’hui, la gravité de la situation fait que notre initiative est plus que valable.» Et sa collègue Stella Bonnet d’ajouter: «Nous voulons montrer aux personnes qui ont signé notre initiative que nous sommes là et que nous essayons de contrer toute une classe politique unanimement contre nous.»

Le comité d’initiative informe par ailleurs qu’une lettre ouverte signée par plusieurs personnalités cantonales et extra-cantonales sera diffusée d’ici deux semaines. EF

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