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Minster: «J’ai toujours autant envie»

Le Marlinois Yann Minster a livré une belle finale, tandis que l’Ukrainienne Ganna Poznikhirenko s’est imposée chez les dames.

PAR KARINE ALLEMANN

Les deux finalistes du tableau masculin N1/R1 ont dû se montrer patients. Et conciliants. Samedi, la finale était prévue à 14 h 30. Mais avec une météo pour le moins capricieuse – vu le mois de juillet écoulé, on pourrait m�me écrire dégueulasse – la finale du tableau principal du Grand Prix de la Gruyè­re a donc pris du retard. Après un échauffement en extérieur, elle s’est finalement disputée en fin de journée sur les courts intérieurs et elle a vu la victoire du Vaudois Dylan Sessagesimi (Club veveysan) sur le Marlinois Yann Minster 6/2 7/6.
Sèchement battu au premier set, Minster a sorti le grand jeu pour revenir à 6-6 et tenter sa chance au tie-break. Le Marlinois a m�me réussi le minibreak d’entrée, ce qui a eu le don d’enrager le Vaudois, qui s’y est repris à trois fois pour briser sa raquette sur les tapis bullois. Au terme d’un jeu décisif longtemps indécis, Dylan Sessagesimi pouvait lever les bras au ciel, encaisser le chèque du vainqueur et filer dès sa sortie des courts.
Plut�t content de son tournoi, Yann Minster était volontiers plus disert sur son retour au premier plan: «A cause de ma blessure aux adducteurs, je n’étais pas sûr de venir à Bulle. J’avais dû m’annoncer WO les deux tournois précédents.» En demi-finale, l’ancien professionnel aujourd’hui classé N4 71 – ce qui ne correspond pas à son niveau réel – a réussi la perf de son tournoi en battant Pedro Salas, un Espagnol classé N2 25 (6/2 5/7 6/2). «C’est un joueur très atypique. J’ai pris le premier set, mais je n’ai pas réussi à finir dans le deuxième. J’ai finalement remporté le troisième, m�me si je commençais vraiment à sentir mes jambes.»


De nouveau N3
Auteur d’une très bonne prestation en finale, Yann Minster avoue néanmoins quelques regrets: «C’est difficile de jouer dedans après avoir disputé trois matches dehors. Au premier set, je n’étais pas dans le bon timing. J’ai réussi à me régler dans le deuxième. J’ai m�me compté une balle de set à 7-6 dans le tie-break. Si je l’avais remporté, c’est un autre match qui aurait commencé…»
Après avoir tenté sa chance dans le monde professionnel – «j’avais m�me gagné cinq points à l’ATP» – Yann Minster a repris des études en sport et en biologie il y a trois ans. Classé N4 aujourd’hui, l’étudiant de 25 ans, domicilié à Arconciel, compte revenir dans la hiérarchie suisse. «Mon meilleur classement était N2 27. Aujour­d’hui, j’ai plus de temps pour jouer et j’essaie de faire un maximum de tournois. Mes récents bons résultats font que je vais remonter en N3, ce qui était clairement mon objectif. Pour rester à ce niveau, je vais devoir gagner en constance, car je connais encore trop de hauts et de bas.»
Après avoir touché du doigt le milieu professionnel avant de reprendre des études, la motivation est-elle toujours là? «Oui! Quand j’ai le temps de m’entraîner, je me sens mieux. J’ai toujours autant envie.»

 

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«Je veux me qualifier en grand chelem»
Plus t�t dans l’après-midi de samedi, l’Ukrainienne Ganna Poznikhirenko et l’Allemande Syna Kayser ont livré une belle bataille pour la victoire dans le tableau principal féminin N1/R2. T�te de série numéro un, l’Ukrainienne assimilée N1 8 s’est imposée en trois sets. Supérieure à son adversaire (N2 22), un brin plus roublarde aussi, Ganna Poznikhirenko a pourtant laissé échapper le premier set avant de faire la différence dans le deuxième et d’enclencher le rouleau compresseur dans le troisième (5/7 6/4 6/2). «J’ai voulu jouer très agressive et j’ai pris des risques, explique-t-elle. Beaucoup de points perdus étaient dehors de très peu. J’ai donc continué cette tactique, car je sentais que ça allait tourner en ma faveur. J’ai beaucoup mieux senti les lignes par la suite.»
Pour sa première apparition à Bulle, l’Ukrainienne, classée 305e au classement WTA, dit avoir beaucoup apprécié le tournoi. «La ville et la vue sont superbes. Et les gens très gentils», souligne-t-elle, un œil sur son téléphone portable. A 20 ans, Ganna Poznikhirenko est une professionnelle qui, pour l’instant, vivote du tennis. Mais elle nourrit de grandes ambitions. «Je dois bosser, et encore bosser. L’année prochaine, je vise les qualifications pour les tournois du grand chelem. Pour cela, je devrai faire partie des 250 meilleures joueuses. Je n’en suis pas si loin. Alors, pour continuer de progresser, je participe à un maximum de tournois. Mais, pour cela, je dois me débrouiller toute seule.»
Car, la tenniswoman le souligne, elle ne reçoit aucune aide de nulle part. «La fédération ukrainienne dit qu’elle n’a pas d’argent pour soutenir les athlètes. Il y a beaucoup de joueurs, mais la plupart arr�tent ou deviennent entraîneurs. Moi, j’avais commencé le tennis pour le fun. Mais je me suis rendu compte que je pouvais battre de très bonnes joueuses. J’ai donc voulu devenir professionnelle. Mais c’est un sport où on est livré à soi-m�me. Pour l’instant, je n’ai pas d’entraîneur. Ces tournois me permettent de gagner de l’argent pour pouvoir engager un coach.»
Domiciliée à Kiev, elle suit de près les événements politiques dans son pays. «J’ai des amis, dans l’Est, qui ont dû quitter leur domicile. Car ça devenait trop dangereux, m�me de simplement se promener en ville. Toutefois, les gens de cette région sont vraiment différents des autres Ukrainiens. Je ne pense pas que le problème va s’étendre
au-delà de l’est du pays. Notre président doit agir pour résoudre cette situation. Pour l’instant, il est pris entre les pro-Europe et les pro-Russes. Personnellement, je ne comprends pas comment on peut vivre en Ukrai­ne et �tre pro-Russie.»
En espérant que la situation se calme très vite dans son pays, Ganna Poznikhirenko va poursuivre sa chance aux cachets et aux points WTA à Ostende cette semaine. Le quotidien de centaines de joueuses coincées dans l’antichambre des toutes grandes. KA

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