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«Nos équipes de production sont déjà au travail»

Le centre biotechnologique d’UCB est quasiment terminé. Plus de 90 nouveaux collaborateurs ont déjà été engagés. Les tests du processus sont en cours: ils dureront jusqu’au printemps 2015.

PAR THIBAUD GUISAN


Une nouvelle page va s’ouvrir pour UCB à Bulle. Le groupe pharmaceutique belge s’appr�te à prendre possession de son nouveau centre biotechnologique. Le chantier en est aux finitions. A l’intérieur de l’usine, les tests des installations ont déjà démarré, à l’abri des regards. Ils s’étendront jusqu’au printemps 2015, date prévue du lancement effectif de la production.
Directeur du site UCB Farchim à Bulle, Amer Jaber présente le nouveau bébé et les défis à venir. En commençant par préciser que l’investissement (250 millions d’euros) et les emplois prévus (120 à 140 postes) sont confirmés.

L’usine
Lancé le 24 février 2012, le chantier est à bout touchant. La partie administrative est terminée. Le système de ventilation et les façades extérieures de la zone de production sont encore en cours d’installation. «Tout sera terminé à la fin septembre», annonce Amer Jaber. Le b�timent d’une hauteur variant entre 18 et 24 mètres, comprend une surface de travail totale de 18500 m2. Son emprise au sol est d’environ 5250 m2 (96 par 54 m).
Le chantier aura donc duré dix-neuf mois. La mobilisation en personnel a été impressionnante. En moyenne, 350 ouvriers étaient réunis chaque jour sur le site, avec des pics à 450 travailleurs. Durant cinq mois, de mai à septembre 2012, deux équipes se sont relayées quotidiennement pour la réalisation du gros œuvre. «C’était une course contre la montre, souligne Amer Jaber. Il fallait absolument que le b�timent soit hors d’eau (n.d.l.r.: isolé) avant l’hiver. Cette étape a été achevée entre fin octobre et novembre 2012. Ça nous a permis de poursuivre avec l’aménagement de l’intérieur durant la période de froid. Sinon, nous aurions pu perdre une année.» Le gros œuvre a été terminé à la fin janvier 2013.

L’outil de production
Les équipements ont été installés entre mai et mi-juillet dernier. «Tout est en place», indique Amer Jaber. L’outil de production comprend trois bioréacteurs d’une capacité de 15000 litres chacun, une centaine de cuves de 25 à 800 litres et 250 km de tuyaux. «Le dispositif est piloté électroniquement. Il est très sophistiqué.»
L’usine est dotée de deux magasins destinés à conserver la matière première: les cellules congelées. Un grand réservoir permet de stocker les produits nécessaires au processus de production, alors que le b�timent est alimenté en eau et en vapeur par un «aqueduc». Enfin, un b�timent annexe d’une surface au sol de 450 m2 (15 m x 30 m) assurera le prétraitement des déchets.

Les tests
Le centre biotechnologique sera opérationnel à la fin décembre 2013. Les équipements sont aujourd’hui en phase de «qualification». «Nous devons nous assurer que les installations répondent aux spécifications requises, traduit Amer Jaber. Nos équipes de production sont donc déjà au travail. A ce jour, la moitié de l’équipement est qualifié.» Au début de l’année 2014, des lots de validation seront produits pour �tre soumis aux autorités sanitaires.
Les feux verts pour la commercialisation ne sont attendus que dans le courant du printemps 2015. «La procédure est longue. Mais nous n’arr�terons pas de travailler en 2014 pour autant. Nous profiterons de cette année pour former notre personnel et continuer à entraîner le processus de production, très complexe.»

Le médicament
La nouvelle usine bulloise produira le premier médicament biotechnologique d’UCB: le Cimzia, destiné à traiter la maladie de Crohn (inflammation chronique du tube digestif) et la polyarthrite rhumatoïde (atteinte inflammatoire et déformation des articulations). «C’est un des trois produits qui va assurer la croissance d’UCB dans les années à venir», souligne Amer Jaber. Un pic de ventes de 1,5 milliard d’euros est prévu entre 2015 et 2020. Le Cimzia, homologué dans une trentaine de pays, est actuellement produit par deux sous-traitants. «Rien n’indique à ce jour qu’ils ne continueront pas à le faire après 2015.»
Sur son site historique de Braine-l’Alleud, dans la périphérie de Bruxelles, UCB dispose d’une usine destinée au développement et à la mise au point d’autres médicaments biotechnologiques. Ces derniers seront-ils produits à Bulle? «Aucune décision stratégique n’a été prise, répond Amer Jaber. Mais, théoriquement, notre usine pourra assurer en parallèle la production de deux médicaments différents. Une extension est aussi possible.»

Le recrutement
L’usine fonctionnera vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Elle nécessitera trois équipes de production. En tout, entre 120 et 140 nouveaux emplois seront créés à Bulle. «Nous avons déjà engagé plus de 90 collaborateurs, explique Amer Jaber. Environ 35% sont des ingénieurs, alors que les autres sont titulaires de CFC. Nous avons trouvé facilement les profils que nous cherchions. La plupart viennent de Suisse romande.» Le solde des engagements est prévu en 2014.
Le site de Bulle emploiera alors environ 400 collaborateurs. La production d’autres médicaments non biotechnologiques (antiépileptiques et antiallergiques), la logistique et le secteur administratif réunissent plus de 300 collaborateurs à ce jour.

 

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Faire travailler les bactéries
Les bactéries vont trimer dans la nouvelle usine de Bulle. Car c’est la recette d’un médicament biotechnologique: sa substance active est issue des sécrétions de cellules. Contrairement aux médicaments classiques, où la molécule thérapeutique est obtenue par synthèse chimique: une succession de réactions chimiques, déclenchées par l’ajout de solvants réactifs.
Pour le Cimzia, le médicament qui sera produit à Bulle, des bactéries de type E.coli feront office de matière première. «Au préalable, elles sont modifiées génétiquement pour qu’elles produisent ce qu’on leur demande», explique Amer Jaber, directeur d’UCB à Bulle.
Ces modifications sont effectuées sur d’autres sites du groupe UCB, au Royaume-Uni et en Belgique. «Les cellules seront ensuite congelées à –180 C° et acheminées à Bulle. Il s’agira alors de les amener à maturité pour qu’elles sécrètent la substance voulue, une protéine très complexe.»


De –180 à 36 C°
Les cellules de la taille du micron passeront alors dans différents bioréacteurs. C’est finalement à une température comprise entre 30 et 36 C° – après un réchauffement très progressif – que les bactéries produiront la substance désirée. «La sécrétion s’effectue durant trente à quarante heures. Pendant ce temps, les cellules continuent à se diviser. Or, on ne peut les utiliser que jusqu’à la deuxième génération pour �tre sûr d’avoir un produit identique. Après, il faut détruire les bactéries.» Plusieurs centaines de millions de cellules seront nécessaires pour obtenir un millilitre de substance thérapeutique.
La suite du processus consistera à isoler le produit, à le purifier et à le stériliser. Dernière étape: sa congélation à –70 C°. La substance sera ensuite expédiée vers un sous-traitant pour une conservation aseptique, avant un conditionnement dans de petites seringues de 1 ml en Belgique.
Le site de Bulle produira chaque année plusieurs centaines de kilos de substance active. TG

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