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Société

La culture continue à vivre en venant à domicile

La culture ne baisse pas les bras, que ce soit la littérature (en haut à gauche, la participation d’Antonio Albanese à DéCAMERA), le théâtre (Douze hommes en colère et Nous sommes la photographie) ou la chanson (André Schibler).
Eric Bulliard

Eric Bulliard

31 mars 2020 à 07:00

PAR ÉRIC BULLIARD

CHEZ SOI. «Le théâtre est une nourriture aussi indispensable à la vie que le pain et le vin.» Jean Vilar parlait de son art de prédilection, mais sa phrase s’applique à toute la culture. Et elle semble encore plus évidente en temps de crise: il suffit de voir ces artistes continuer à nourrir nos vies devenues casanières. Pas seulement par le biais de Netflix ou YouTube, mais aussi par la création et l’imagination. Tour d’horizon, loin d’être exhaustif.

LA PLATE-FORME

Tout part en tous sens depuis la fermeture des lieux culturels et ce site devenait indispensable: la ville de Lausanne, en collaboration avec les plates-formes fribourgeoises Après-Demain et MyLittle-Fribourg, a lancé en fin de semaine dernière www.culturacasa.ch. Il vise à regrouper «les initiatives des institutions culturelles et artistes romands pour rester en contact avec leurs publics et offrir des moments d’évasion en cette période de confinement». Hier à midi, il rassemblait déjà quelque 70 offres culturelles.

MUSIQUE ET CHANSON

C’est à croire que tous les musiciens et chanteurs se produisent sur les réseaux sociaux: des amateurs aux vedettes internationales, le pire côtoie le meilleur, le convenu se mêle à l’inattendu, le bouleversant au pathétique. De Neil Young à Francis Cabrel, en passant par -M-, Jean-Louis Aubert, ou encore Christine and the Queens, les concerts à la maison se multiplient, tout comme les chansons de circonstance. Qu’elles soient signées du Gruérien André Schibler (www.facebook.com/andre. schibler), de Patrick Bruel (Héros), Jean-Jacques Goldman (Ils sauvent des vies) ou Calogero (On fait comme si).

Le pianiste fribourgeois Florian Favre donnera un concert en direct de son salon, ce jeudi (www.facebook.com/FlorianFavreartist). La violoncelliste Sara Oswald va plus loin, en proposant à la demande et sur mesure des «miniconcerts confinés», via Skype (www.saraoswald.ch).

SALLES ET FESTIVALS

Ebullition offre «La tournée du patron», soit des playlists élaborées par le programmateur Thomas van Daele et d’autres membres du staff (www.facebook.com/EbullI-TION1/). Le Nouveau Monde, à Fribourg, s’est mis «en quart d’antenne» et a créé «une troisième scène» (www.inlive.ch). On y trouve des concerts en direct ou en archives, des discussions avec des artistes («Tok-chow»), des capsules vidéo…

Les festivals aussi cherchent à combler un manque: le Montreux Jazz Festival met en accès libre 50 concerts durant trente jours (www.montreuxjazzfestival.com), pendant que le Cully Jazz «réunit virtuellement quelques musiciens» (cullyjazz. ch). Côté classique, le Menuhin Gstaad festival s’est également mis au digital: www.gstaaddigitalfestival.ch.

LITTÉRATURE

Un rappel: les librairies sont fermées, mais acceptent les commandes et assurent les livraisons à domicile. C’est le cas pour les enseignes bulloises De cap et de mots (https://decapetdemots.ch) et La Librairie du Vieux-Comté (www.vieux-comte.ch). Celle-ci organise également des ateliers d’écriture à domicile pour tous, en proposant chaque mercredi une consigne d’écriture via Facebook.

Fondateur de la revue L’Epître et nouveau directeur du Salon du livre romand de Fribourg (rebaptisé Textures-Rencontres littéraires), Matthieu Corpataux a lancé En attendant, écrivons (https:// www.facebook.com/En-attendant-écrivons). Le principe: «Chaque jour, une écrivaine ou un écrivain propose un petit jeu d’écriture, une contrainte, un embrayeur de récit, un petit exercice amusant, une contrainte oulipienne, un concours de blague ou tout autre chose qui serait une invitation à écrire», explique-t-il. Une vingtaine d’auteurs et d’autrices ont accepté de proposer ces étincelles pour faire naître l’écrit.

Parmi les autres initiatives littéraires, le Vaudois Alain Freudiger fait un clin d’œil aux histoires du Décaméron de Boccace: avec DéCAMERA (https:// decamera.lepodcast.fr), «des écrivaines et des écrivains racontent chaque jour une histoire de leur cru, une histoire de leur choix, depuis leur chambre, pour tenir le coup tant que la pandémie durera».

Le dynamique collectif AJAR (Association des jeunes auteurs romands) présente des coups de cœur d’«un acteur ou d’une actrice de l’univers livresque» (www.facebook.com/ collectifajar). La Maison éclose a organisé une chaîne de lecteurs et de lectrices, pour offrir, chaque soir à 21 h 05, une histoire des Mille et une nuits (https://www.facebook.com/ maisoneclose). Et Antoine Jaquier publie son nouveau roman sur Instagram, page par page (www.instagram.com/ antoine_ jaquier).

A signaler encore un clip du brillant poète-slameur vaudois Narcisse, Eux, ils soignent: www.facebook.com/narcisseleslameur.

THÉÂTRE ET DANSE

La metteure en scène fribourgeoise Joséphine de Weck devait créer, avec son collectif Opus 89, Nous sommes la photographie, à la Tour vagabonde. «Nous avons décidé de quand même raconter l’histoire que nous souhaitions partager avec le public», explique-t-elle. Le principe: «Chaque comédien.ne enregistre son texte depuis chez lui avec son téléphone, me l’envoie et je monte le tout.» L’ensemble est ensuite «interprété par des objets». Le résultat, surprenant et plein de charme, comprendra au final huit à dix épisodes à découvrir sur www.opus89-collectif.com.

Toujours à Fribourg, Equilibre-Nuithonie rend hommage au comédien François Florey, disparu subitement la semaine dernière, en mettant en ligne la captation de Douze hommes en colère, mis en scène par Julien Schmutz (www.facebook.com/equilibre.nuithonie).

La 2b Company de François Gremaud a été une des premières à réagir en mettant à disposition, en ligne, l’intégrale de l’extraordinaire Conférence de choses, de Pierre Mifsud. Huit heures de haut vol sur tout, sur rien… Un régal (www.2bcompany.ch).

Le théâtre de Vidy, de son côté, a lancé Vidygital (www. vidy.ch), qui comprend des captations de spectacle, des interviews, etc. C’est aussi le cas, entre autres, du Passage à Neuchâtel (www.facebook.com/ theatrepassage) ou des Halles de Sierre (www.facebook.com/ tlhsierre).

Pour la danse, le Béjart Ballet Lausanne diffuse sur son site (www.bejart.ch) des spectacles de la compagnie, visibles gratuitement pendant quatre jours. Et l’Alias Compagnie de Guilherme Botelho partage ses archives vidéo, à heures fixes (www.alias-cie.com).

HUMOUR

La RTS a mis en ligne sur sa chaîne YouTube (www.youtube. com/user/TSR) dix spectacles d’humoristes romands, dans leur intégralité. On y retrouve Yann Lambiel, Frédéric Recrosio, 120 secondes, Brigitte Rosset…

MUSÉES

On ne compte plus les visites virtuelles proposées par les grands musées du monde. Dans la région, le château de Gruyères a lancé Souvenirs, souvenirs: chacun peut envoyer ses photos de visite des lieux, qui seront réunies en un «album virtuel». Et le Musée gruérien rappelle dans sa dernière newsletter qu’une partie de ses collections est accessible en ligne. Notamment celles qui concernent le patrimoine des régions gruériennes (musee-gruerien.ch/amis/communes-bulle-et-la-sionge).

CINÉMA

Outre le FIFF (lire ci-contre), le cinéma continue à vivre en dehors des VOD et du streaming. La maison de distribution Outside the box, par exemple, propose de soutenir les salles en visionnant des films à la maison. Pour la première semaine, elle a proposé le documentaire mexicain Midnight family, de Luke Lorentzen. Le spectateur paie pour le visionnage, en choisissant à quel cinéma va son soutien. Les Prado, à Bulle, font partie de l’opération (www. outside-thebox.ch). ■


Le FIFF a dévoilé son palmarès

Malgré l’annulation de sa 34e édition, qui aurait dû avoir lieu la semaine dernière, le Festival international de films de Fribourg a dévoilé dimanche un palmarès. Les membres du jury international ont en effet visionné les films à domicile et délibéré via les réseaux sociaux. Le premier film d’un réalisateur soudanais remporte le Grand Prix 2020.

You will die at 20 d’Amjad Abu Alala «est un conte de fées magnifiquement conçu, imprégné de la réalité d’un lieu qui nous est peut-être étranger par sa culture et pourtant douloureusement familier par son humanité», indique dans un communiqué la présidente du jury, Guetty Felin. Le film est visible sur la plate-forme de streaming du distributeur suisse Trigon, www.filmingo.ch.

Le jury international a en outre attribué son Prix spécial à Los Lobos, du Mexicain Samuel Kishi Leopo, ainsi qu’une mention spéciale à Lina from Lima, de la Chilienne María Paz González. Asho de Jafar Najafi (Iran) reçoit le prix du meilleur court métrage international. Une mention va à Da Yie, d’Anthony Nti (Ghana).

Outre le Grand Prix, les amateurs du FIFF peuvent visionner un autre film de la compétition internationale: Atbai’s Fight (Kazakhstan) est disponible à la location sur cinefile.ch. De plus, du 30 mars au 19 avril, «une dizaine de longs et courts métrages des compétitions internationales du FIFF seront proposés sur Festival Scope», précise le communiqué de presse (www.festivalscope.com).

Des séances spéciales dans d’autres festivals et des événements durant l’année seront également proposés pour faire vivre cette édition 34 1/2 du FIFF. En attendant la 35e, du 19 au 27 mars 2021. EB

www.fiff.ch

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