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Société

Le coronavirus affecte la région avant même son arrivée

Dans les pharmacies bulloises visitées, les masques d’hygiène et ceux de protection sont en rupture de stock. PHOTO PRÉTEXTE KEYSTONE
Xavier Schaller

Xavier Schaller

27 février 2020 à 06:00

PAR MAXIME SCHWEIZER / XAVIER SCHALLER

Le coronavirus a fait son apparition en Suisse mardi, au Tessin. La Confédération tient un discours rassurant, notamment en rappelant que les symptômes se rapprochent de ceux de la grippe. Même si l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) ne peut pas exclure d’autres cas, il appelle au calme.

Le virus (2019-nCoV) a déjà touché plus de 82 000 personnes depuis deux mois. Si la population s’intéresse principalement au problème lié à la santé, ce n’est pas le seul domaine touché. Sondage régional dans les milieux économiques, pharmaceutiques, touristiques et sportifs.

ENTREPRISES

Plusieurs entreprises de la région subissent les effets du coronavirus. L’impact peut s’observer chez les fournisseurs, les clients et les employés. A l’instar de Swisspor Romandie, à Châtel-Saint-Denis. «Un de nos fournisseurs italiens a fermé son entreprise pour une durée indéterminée, explique la société veveysanne. Pour l’instant, nous avons suffisamment de stock, mais si la situation vient à durer, nous devrons trouver un autre fournisseur.»

Un problème que ne connaît pas la société biopharmaceutique UCB Farchim, à Bulle. «Il n’y a pas d’impact sur nos approvisionnements et nos livraisons de médicaments dans le monde entier, y compris en Chine», détaille le responsable de la communication Patrice Scherly. Comme Nestlé, UCB a interdit certains voyages d’affaires. «Cela concerne l’Asie de l’Est et du Sud-Est et, depuis mardi, l’Italie.»

Liebherr Machines Bulle suit également les directives de l’OFSP et du canton tout en prenant ses dispositions. «Une task force a été mise sur pied à l’échelle du groupe pour identifier les fournisseurs qui pourraient se trouver en difficulté pour nous livrer.» Même si la société ne subit pas d’impact pour le moment, elle prend ses précautions. «Nous demandons à tout employé qui se serait rendu dans l’une des zones à risque ou qui serait entré en contact avec une personne en provenance de l’une de ces zones de s’annoncer et de rester quatorze jours chez lui.»

PHARMACIES

Dans les pharmacies de Bulle visitées, les masques d’hygiène et ceux de protection (lire encadré) sont en rupture de stock. «C’était déjà le cas avant que le coronavirus ne soit détecté en Italie, précise Sandra Genoud, à la Pharmacie du Levant. On en a quand même reçu un petit nombre, avant les vacances, mais ils ont été rapidement vendus.»

Les clients? Des gens qui partent en voyage et qui veulent se protéger, sur place ou dans les aéroports, des personnes inquiètes. «Des élèves de Glion aussi, pour rentrer chez eux ou pour les envoyer à leur famille», note Christian Chassot, à la Pharmacie Dubas-Centre. Lorsqu’il a vu ses stocks diminuer, il a décidé de distribuer les masques d’hygiène par trois et non plus par carton de 50. «Mais j’ai écoulé les derniers lundi. Et mardi, les pharmacies ont reçu un e-mail urgent du canton, qui demande où en sont les stocks…» Autre produit très demandé et dont certaines références s’épuisent: les liquides désinfectants pour les mains.

Concernant les masques, Christian Chassot a reçu des offres de fournisseurs jusquelà inconnus au bataillon. «Je ne peux pas prendre le risque, ne connaissant pas la qualité des masques et des fournisseurs. D’autant que certains demandent à être payés d’avance…» Dans les magasins de bricolage, qui vendent aussi des masques filtrants, les rayons sont également vides.

AGENCES DE VOYAGE

Peu d’annulations dans les agences de voyages contactées: un voyage en Italie chez Moléson Voyages, une croisière passant par l’Asie chez Hotelplan. Mais de nombreuses questions de clients inquiets, principalement au sujet des conditions d’annulation et de remboursement.

«De plus en plus ces derniers jours», constate Michelle Grandjean, conseillère de vente chez Hotelplan. «Pour que l’assurance annulation fonctionne, il faut généralement que la Confédération déconseille de se rendre dans cette région», rappelle Cindy Nguyen, sa consœur à la Maison du Voyage. Pour l’instant, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) déconseille seulement la province chinoise d’où est parti le coronavirus, le Hubei.

«Cela fonctionne ainsi la plupart du temps, mais ce n’est pas automatique, précise Valérie Muster, juriste à la Fédération romande des consommateurs. Il serait malvenu pour une assurance d’aller contre l’avis du DFAE, mais cette liberté existe.» Il faut donc bien vérifier les conditions générales. «Certaines institutions étendent aussi la couverture audelà de ce que demande le DFAE, surtout si elles sentent qu’une certaine psychose s’installe», note Valérie Muster. Le TCS, par exemple, rembourse les voyages couverts par un livret ETI sur l’ensemble du territoire chinois. Suivant l’actualité, les conditions d’annulation peuvent évoluer. Il convient donc de se tenir informé. Annuler un voyage trop vite, c’est prendre le risque de ne pas être couvert.

CLUBS SPORTIFS

«Ce week-end au Tessin, le match Lugano - Ambri-Piotta se jouera à huis clos», annonce Manuela Hess, responsable des médias à la ligue de hockey. Gottéron ne devrait pas affronter ces deux formations ces prochains temps. Mais, dans l’élite du sport national, d’autres équipes tessinoises sont concernées. Lugano en football ainsi que les adversaires de Fribourg Olympic: Massagno et Lugano en basketball.

«Nous sommes actuellement dans l’expectative, indique le directeur de Swiss Basketball Erik Lehmann. Nous attendons de voir la position de la Confédération avant de prendre une décision.» Deux matches sont concernés ce dimanche: Massagno-Monthey et Vevey-Lugano. «Le report est envisageable. Dans tous les cas, nous prenons la situation très au sérieux.»

Manuela Hess a tenu à rassurer son monde. «D’entente avec les clubs, le comité médical, l’OFSP et les autorités, nous élaborons actuellement la planification prévisionnelle pour les scénarios possibles concernant le coronavirus. Nous entendons toutefois être bien préparés au cas où la situation venait à changer. Pour l’instant, des reports ne sont pas d’actualité.» ■


Risque modéré en Suisse

Le conseiller fédéral Alain Berset s’est rendu mardi à Rome pour une conférence, qui réunit les ministres de la santé de l’Italie et des pays voisins. L’objectif de cette rencontre est de renforcer la collaboration transfrontalière. Pour rappel, l’Italie recense près de 400 personnes touchées par le coronavirus.

Le premier cas helvétique a été diagnostiqué mardi au Tessin. L’homme aurait assisté à un événement près de Milan le 15 février. «Les premiers symptômes sont apparus deux jours plus tard», a expliqué Pascal Strupler, directeur de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), mardi devant les médias à Berne. «Malgré cela, l’homme se porte bien», a précisé le médecin cantonal tessinois Giorgio Merlani. «Ce premier cas ne change rien à l’évaluation du risque en Suisse, a relevé Daniel Koch, responsable de la division maladies transmissibles de l’OFSP. Le coronavirus ne représente qu’un risque modéré pour la population.» A noter que les tests sur des personnes présentant des symptômes de type grippal se sont intensifiés en Suisse.

Un cas fortement probable de coronavirus a aussi été enregistré en Argovie, où 29 cas suspects ont déjà été enregistrés (24 se sont avérés être des fausses alertes). Le canton de Neuchâtel a annoncé la mise en quarantaine de plusieurs personnes, dont trois enfants.

L’HFR va prendre des mesures

L’Hôpital fribourgeois (HFR) se prépare également à faire face au virus, même si plusieurs mesures restent encore à prendre. «Pour l’instant, les collaborateurs suivent les directives de l’OFSP et du médecin cantonal, détaille la chargée de communication Jeannette Portmann. Si des patients montrent des symptômes grippaux, ils réalisent des tests approfondis. S’ils sont positifs, ils prendront des précautions en s’équipant de masques et d’habits spéciaux tout en isolant le patient.» Pour l’instant, aucune chambre n’a été réservée en cas de détection d’un cas de coronavirus. «Nous n’avons pas encore vécu une situation de ce genre, la procédure suivra son cours en temps voulu.»

Même son de cloche du côté du professeur Christian Chuard, responsable du Département d’infectiologie de l’HFR. «Je m’en tiens à ce que vous a dit le service de la communication. Nous ne sommes pas prêts à 100%.» MS/ATS

Le site de l’Université John-Hopkins permet de suivre l’évolution du coronavirus: https://systems.jhu.edu/research/publichealth/ncov/


Masque d’hygiène ou de protection

L’image du coronavirus, ce sont les foules masquées. Encore faut-il en trouver, des masques. Les pharmacies n’en ont plus depuis des semaines, les magasins de bricolage non plus. La firme 3M, un des fabricants les plus connus, annonce que «pour faire face à cette situation, 3M intensifie sa production de masques de protection respiratoire afin de contribuer à répondre au mieux à la demande». Mais les produits arrivent au compte-gouttes.

Il faut faire la distinction entre les masques chirurgicaux et les masques filtrant les particules (FFP). Ces derniers sont classés en trois catégories, suivant l’efficacité de la protection. Seuls les masques FFP2 et FFP3 sont considérés comme efficaces contre les virus. Dans une circulaire, PharmaSuisse, la société des pharmaciens, estime que ces modèles «doivent être réservés aux membres du corps infirmier, aux médecins et au personnel de votre pharmacie. Avec de tels masques, les particuliers inexpérimentés ne sont pas mieux protégés.» Elle rappelle aussi que «pour les personnes malades, le port d’un masque d’hygiène permet de réduire nettement le risque de transmission». Mais qu’en revanche, il ne protège pas la personne qui le porte contre les contaminations extérieures. XS

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