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Un extraterrestre face aux mégapoles

PAR VALENTIN CASTELLA

Pour les amateurs de tennis, le Suisse Open de Gstaad existe depuis toujours. Chaque été, le rendez-vous est pris. Soit à la télévision, soit sur place dans les gradins, le spectacle est au programme de cette épreuve qui a vu le jour en 1915.
Proche de la faillite en 2005, ce tournoi a retrouvé un second souffle. Cette année, il est m�me au centre de toutes les attentions gr�ce à la présence de Roger Federer. Le recordman de succès en grand chelem n’était pas revenu dans l’Oberland bernois depuis son succès en 2004. Le B�lois, qui se retrouve aujourd’hui en fin d’après-midi sur le court central, a permis au rendez-vous bernois de bénéficier, en seulement quelques jours, d’une renommée internationale. De quoi ravir le directeur du tournoi Jean-François Collet.
 
Le tournoi de Gstaad a-t-il pris une autre envergure avec la présen­ce de Roger Federer?
C’est sûr! Nous avons vendu tous les billets et la venue de Roger Federer a généré un énorme plus pour notre tournoi. Au-delà des chiffres, sa venue est une grande chance pour nos partenaires et la région qui accueille ce rendez-vous. Tous vont avoir la chance d’�tre sous le feu des projecteurs durant une semaine.

Comment avez-vous fait pour le convaincre de vous rejoindre?
Il l’a dit, il le fait plus pour nous que pour lui. Roger Federer apprécie ce tournoi. Il se souvient encore très bien de l’époque où il participait aux qualifications. C’est d’ailleurs ici qu’il a disputé son premier match ATP. Il possède un lien spécial avec cet endroit et c’est pour toutes ces raisons qu’il a décidé de venir jouer ici.

Sa venue a-t-elle bouleversé votre organisation?
Les demandes médiatiques ont été multipliées par trois. Gr�ce à l’introduction de places supplémentaires, le nombre de spectateurs a également augmenté de 10%. Par contre, au niveau de la publicité, nous avons effectué le m�me travail que d’habitude. Nous n’avons pas eu besoin d’accentuer notre présence, tant les médias ont relayé l’information de la présence de Roger Federer. Le simple fait qu’il vienne a provoqué énormément de publicité.

Comment se déroule l’engagement des joueurs présents à Gstaad?
Certaines personnalités, comme Mikhail Youzhny ou Paul-Henri Mathieu, viennent chaque année nous rendre visite. La plupart des autres participants sont invités par les dirigeants du tournoi. Nous essayons de les sélectionner selon leurs différents profils et leur disponibilité. Par exemple, il est, à cette période, très difficile de séduire les joueurs américains, qui se préparent à disputer plusieurs tournois chez eux. Certains sont spécialistes de la terre battue, d’autres pas du tout.

Et tentez-vous chaque année de convaincre les meilleurs joueurs du monde de participer à votre tournoi?
Durant cette période, il n’est pas évident d’attirer des joueurs du top 5. Ils sont d’ailleurs très peu actifs actuellement. La question du budget entre également en ligne de compte. Des joueurs de la qualité et de la popularité de Nadal ou Djokovic reçoivent une certaine somme pour leur présence lorsqu’ils participent à ce genre de tournoi. Sans oublier le prize money s’ils remportent le tournoi. Pour cette raison, nous ne pouvons pas nous permettre de les accueillir.

Le Suisse Open de Gstaad a-t-il la capacité de vivre sans ces t�tes de série?
Depuis 2005 et sa quasi-faillite, les chiffres ont prouvé que le tournoi pouvait prospérer sans la présence des cinq meilleurs joueurs du monde. Bien sûr, une belle surprise comme la participation de Roger Federer est un énorme plus. Mais le tournoi vit très bien sans les meilleurs spécialistes. Et puis, il n’y a pas que le classement qui entre en ligne de compte. Certains joueurs sont charismatiques, d’autres possèdent un énorme palmarès...
Un tournoi de cette envergure a donc encore un bel avenir, à l’heure où les grandes villes se positionnent pour attirer les stars des courts...
Bien sûr, car Gstaad se différencie des autres tournois. Nous évoluons tout d’abord dans un village. Le cadre est exceptionnel et les joueurs apprécient beaucoup l’environnement. Ils peuvent venir en famille, aller tranquillement s’entraîner à pied. Nous cultivons cette image de petit, tout en valorisant le c�té haut de gamme.

Vous l’avez dit, Gstaad entretient une réputation où le luxe est omniprésent. Vos partenaires et les spectateurs correspondent-ils à cette image?
Nos sponsors font preuve d’une belle fidélité et nous avons vraiment de tout. Que cela soit du national ou de l’international. Certaines marques profitent de l’événement parce qu’elles savent qu’elles auront l’occasion de toucher un public cible, soit dans le domaine du sport, soit du luxe. Au niveau des spectateurs, nous observons deux catégories bien distinctes. La première est composée de passionnés de tennis. Ensuite, de nombreuses personnes viennent nous rejoindre, car elles ont envie de voir du spectacle, de faire partie de l’événement. Ces gens-là se déplacent à Gstaad pour l’environnement et le cadre. Ce mélange est idéal pour notre tournoi.

 

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Sur le chemin sinueux du succès
Deuxième journée du Suisse Open de Gstaad. Mardi, Henri Laaksonen, 187e mondial, déboule sur un court central encore bien vide. Face à l’Espagnol Roberto Bautista Agut, le Biennois de 22 ans n’a qu’un souhait: briller sur ses terres et devant ses supporters. Celui qui est né en Finlande n’est finalement pas parvenu à atteindre son objectif. Il est m�me passé à c�té de son match en s’inclinant sur le score de 6-2 6-3.
F�ché, il a quitté le terrain la t�te basse, cassé sa raquette contre les grillages et filé aux vestiaires. Henri Laaksonen voulait briller, il est parti dans l’anonymat quasi complet. Une situation difficile à avaler, mais plut�t commune pour celui qui avait été sélectionné pour la dernière rencontre de Coupe Davis. Car le quotidien de ces joueurs qui naviguent dans les eaux troubles du classement ATP n’est pas rose tous les jours, loin de là.
Encore jeune et plein d’espoir, Henri Laaksonen man­que de régularité et passe parfois à c�té de ces matches qui pourraient lui permettre de franchir un nouveau cap. «Il n’est jamais entré dans la partie face à l’Espagnol Bautista Agut, explique son entraîneur Sven Swinnen. Henri voulait tellement réussir ici qu’il n’a pas résisté à la pression. Il voulait trop bien faire.»
En constante progression, l’espoir suisse ne parvient pas encore à s’illustrer lors de tournois plus importants, comme celui de Gstaad. Il doit alors, à chaque fois, passer par les qualifications où il retrouve d’autres joueurs qui ont tous le m�me r�ve que lui. «Chaque défaite est une grosse déception, reprend son entraîneur. Mais il faut passer par-dessus et se concentrer sur la suite de la saison.»
L’intéressé abonde: «Malgré la déception, j’ai appris de nouvelles choses à Gstaad. Je connais désormais l’impression que cela fait de jouer sur le court central, devant le public suisse. A chaque fois, j’essaie de prendre en considération les erreurs et les points positifs d’un match pour ensuite les éviter ou les rééditer.»


«Le potentiel»
Conscient de ses failles, Henri Laaksonen est encore loin d’avoir perdu toutes ses illusions: «Je dois encore beaucoup m’entraîner pour améliorer mon tennis et mon classement. Je suis �gé de 22 ans. Je suis au début de ma carrière et je sais que j’ai le potentiel de présenter un meilleur tennis que celui de cette semaine.»
Egalement battu hier en double (associé à Marco Chiudinelli), le numéro 4 suisse va maintenant participer aux Interclubs de LNA avec le club de Grasshopper. Puis, il traversera l’Atlantique pour tenter de se distinguer lors des qualifications de l’US Open, avant d’officier en tant que numéro 2 helvétique lors de la rencontre de Coupe Davis face à l’Equateur. De la lumière de Gstaad et New York au relatif anonymat des interclubs helvétiques: tel est le quotidien d’un joueur entre deux eaux. VAC

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