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Vers une augmentation du nombre de policiers

Le Conseil d’Etat propose de faire passer l’effectif de la police de 527 équivalents plein temps à 570. L’effectif ne sera pas complet avant 2018 ou 2019. Parmi les raisons invoquées, les nouvelles formes de criminalité.

Par Jér�me Gachet

Cette vérité-là s’apprend dans la cour de récré: le voleur court toujours un peu plus vite que le gendarme. La police est ainsi en constante évolution, tant sur le plan de ses effectifs que dans sa manière de travailler.

Pour ne rien faciliter, elle est soumise à un strict contingent. C’est ainsi que, depuis 2008, le corps de police ne doit pas dépasser les 510 équivalents plein temps (EPT). Un plafond qui est passé à 527 avec l’introduction, en 2013, de la cinquième semaine de vacances et de nouvelles règles sur le travail de nuit.

Mais ça ne suffit plus, s’inquiètent les responsables des forces de l’ordre. Un signal d’alarme qui a été répercuté par deux députés UDC, Nicolas Kolly (Essert) et Pierre-André Page (Ch�tonnaye), dépositaires d’une motion.

Le Grand Conseil décidera
Le Conseil d’Etat, qui planche sur le dossier depuis quelque temps, va dans le sens demandé: il propose de déplacer la limite légale à 570 EPT. La balle est désormais dans le camp du Grand Conseil qui devra se prononcer sur la modification du décret après son passage en commission.

Pour le Gouvernement, la situation actuelle devient intenable. La sous-dotation engendre tout d’abord des heures supplémentaires (+ 50% depuis 2010). Et comme on ne remplace  un policier que par un policier, le serpent se mord la queue. Au final, les absences se multiplient. En 2014, la police cantonale a comptabilisé 9242 jours d’absence pour cause de maladie et d’accident. En y ajoutant les congés maternité et les formations obligatoires, cela représente l’équivalent de 50 EPT.

Les nouveaux trends  
L’évolution démographique, spectaculaire dans ce canton, est évidemment prise en compte (lire ci-dessous). Tout comme les nouveaux trends de la criminalité. Certes, le nombre d’infractions est globalement en diminution (La Gruyère du 24 mars), mais elles nécessitent de nouveaux moyens. Le vol en bande ou le cambriolage en série, souvent organisés depuis l’étranger, et la cybercriminalité sont très à la mode depuis quelques années. Le Conseil d’Etat constate également que l’extension de la vie nocturne, la banalisation des incivilités et le passage immédiat à l’acte violent sont des phénomènes en nette recrudescence.

Pour faire face à cette nouvelle donne, le Conseil d’Etat, de concert avec le Ministère public et la police cantonale, a redéfini ses axes de politique sécuritaire. Il souhaite ainsi restructurer la police de sûreté et ses brigades. Le groupe «criminalité organisée» sera affecté à la brigade des missions spéciales, tandis que la brigade financière se verra attribuer la lutte contre la criminalité informatique.

«Un métier particulier»
Ne reste plus qu’à recruter. Pas si simple. «Le métier de policier est particulier. Les gens qui l’exercent doivent passer par la formation spécifique d’aspirant. On ne peut donc pas engager à l’extérieur, comme cela se fait dans le marché du travail habituel», explique Didier Page, conseiller scientifique à la Direction de la sécurité et de la justice (DSJ). A terme, vingt-sept personnes seront embauchées par des réaffectations internes ou via l’école de police. Dans cette perspective, la formation devrait s’ouvrir à 30 aspirants dès 2016.

Un recrutement qui, de l’avis de Didier Page, ne devrait pas poser de problème, mais qui prendra du temps. Ce n’est qu’en 2018 ou en 2019 que la police cantonale pourra utiliser l’entier de ses 570 EPT.

En dehors de ce cadre, 18 civils seront embauchés. Pour les t�ches administratives, mais aussi pour la lutte contre la cybercriminalité et la criminalité économique. La police recher­che des analystes financiers et des informaticiens.

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Un policier pour 571 habitants
statistiques. En 2014, le canton de Fribourg comptait 528 policiers pour 301600 habitants, soit un pour 571 personnes. Un chiffre qui le place en dessous de la moyenne nationale, située à un pour 483 personnes. Dans le pays, la disparité est grande avec, aux deux extr�mes, B�le-Ville (1/277 hab.) et Nidwald (1/737 hab.).

Le graphique ci-contre indique que l’effectif du corps de police fribourgeois a augmenté de 16% entre 2008 et 2014, mais qu’il n’a fait que suivre l’évolution démographique. Avec le projet du Conseil d’Etat, cette situation ne va pas changer. En passant de 527 équivalents plein temps à 570 vers 2018 ou 2019, l’augmentation sera de 8%. Mais là aussi, la population va certainement évoluer dans la m�me proportion. On se situera toujours autour d’un policier pour 560 ou 570 personnes.

A noter que les 570 équivalents plein temps demandés ne concernent que les policiers à proprement parler. Les civils qui seront engagés (analystes financiers, informaticiens, collaborateurs administratifs, etc.) ne sont pas compris dans ce contingent.

Un coût supplémentaire de 4,3 millions
Le projet du Gouvernement est évalué à 4,3 millions de francs (100000 fr. par aspirant), ce qui le situe en dessous des 8,5 millions du référendum facultatif. Le peuple n’aura donc pas à se prononcer, le dernier mot revenant au Grand Conseil. Et, selon les premières tendances, le projet ne devrait pas déclencher de temp�te sur le plan politique.

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