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Vincent Berset a trouvé sa voie, celle de jeune professeur

C’est sur le terrain, où il peut passer jusqu’à dix heures à taper les balles avec ses élèves, où Vincent Berset prend le plus de plaisir. ANTOINE VULLIOUD
Quentin Dousse

Quentin Dousse

25 juillet 2019 à 07:00

PAR QUENTIN DOUSSE

TENNIS. Au milieu des nouveaux courts bullois, théâtre du Grand Prix de la Gruyère jusqu’à samedi, il rôde joyeusement. Salueur, jovial et expansif, vêtu de son inséparable training gris, Vincent Berset se sent comme chez lui au Centre de tennis. Qui est même devenu sa «première maison», pourrait-on écrire, depuis le 1er juillet. Puisque le Bullois, dix-huit mois après ses débuts de moniteur, a été promu officiellement professeur principal du Tennisclub Bulle et de son Ecole de tennis. Une nomination importante pour le successeur de Serge Gramegna (65 ans), ce Vaudois établi au Pâquier qui a œuvré durant plus de vingt saisons dans la structure bulloise.

«La soirée où il a tiré sa révérence a été un grand moment, aussi pour moi qui l’ai côtoyé comme entraîneur. Cela m’a touché. Car Serge est quelqu’un de grand au club, très structuré et investi sur le terrain. Personnellement, il m’a beaucoup apporté, au niveau de la confiance notamment», souligne un Vincent Berset reconnaissant. Qui se retrouve aussitôt propulsé en première ligne dans un rôle à responsabilité. «C’est un immense défi à mon âge (n.d.l.r.: il fêtera ses 23 ans samedi prochain). Le comité n’a probablement jamais confié ce poste à quelqu’un de si jeune et inexpérimenté. A moi maintenant de prouver qu’il a fait le bon choix.»

«Une chance unique»

Bien qu’épaulé par Jonathan Cotting (directeur technique), Vincent Berset se retrouve «à la tête» d’une organisation réunissant 330 membres, dont 150 pour l’Ecole de tennis. Un rôle éminent (d’indépendant) qui n’effraie pas le jeune homme, au contraire. «Ce poste était une chance unique pour moi. Je ne devais pas la laisser passer, sachant que j’avais trouvé ma voie.»

Sa voie, après celle de joueur qui l’a mené jusqu’au 138e rang national en 2015, est désormais celle d’entraîneur. Une évidence pour ce Gruérien au contact facile. «J’aime ça, je suis quelqu’un qui a besoin de voir du monde. Mais je sais aussi que j’ai encore beaucoup à apprendre sur les bonnes et différentes manières d’enseigner. Car un professeur doit réussir à s’adapter à chaque type de joueur, selon l’humeur du jour de la personne aussi.»

Boulanger-pâtissier de formation et fils du médaillé paralympique Jean-Marc, Vincent Berset a déjà totalement adopté son nouveau quotidien. Composé en partie de tâches administratives et de planification, mais surtout de nombreuses heures raquette en main, sur le terrain. Là où le Bullois se sent pleinement dans son élément. «Le plus plaisant dans ce métier? Les journées “pleines”, où je peux enchaîner jusqu’à dix heures de cours, en plus du travail de préparation.»

Au TC Bulle, Vincent Berset n’entend pas seulement amener sa jeunesse et son dynamisme. Mais aussi ses idées, déjà concrètes pour certaines. «Jusqu’à maintenant, les Bambinos (5-7 ans) suivaient dix après-midi de cours par année. Ce qu’on souhaite, c’est les intégrer dans l’Ecole de tennis en leur proposant une heure d’entraînement par semaine. Pour qu’ils se sentent plus concernés et soient suivis toute l’année. On espère ainsi réussir à les garder dans la structure sur la durée. Car on a remarqué, malgré les nouvelles inscriptions, qu’on perdait chaque saison une vingtaine de juniors.»

A l’Ecole de tennis, le Bullois désire aussi développer le secteur compétition, trop restreint à son goût (n.d.l.r.: une dizaine de jeunes y évoluent). C’est alors l’ancien espoir ambitieux qui parle. «A mon époque, le club aidait peu ses juniors en vue d’une carrière. J’ai donc envie de leur donner davantage de moyens d’y croire: avec plus d’entraînements privés, d’accompagnement sur les tournois aussi. Quant à une aide financière, si je l’espère, je ne veux pas faire de fausses promesses aujourd’hui.»

Faire du club un moteur

Vincent Berset est prêt à s’investir pour faire évoluer le rôle du club, primordial selon lui. «Il ne s’agit pas de tenir les jeunes par la main. Mais la structure doit servir de moteur pour les pousser au plus haut. Plusieurs juniors, comme Lucien Michel (classé R1 à 14 ans), sont capables d’atteindre le niveau national (n.d.l.r.: soit le top 150 helvétique). Mais ils ont besoin d’un soutien général de la part du club.»

Avant tout au service des autres dans sa nouvelle vie, le Bullois n’en oublie pas ses ambitions personnelles. Et veut regarder plus loin que le brevet fédéral d’entraîneur C qu’il briguera en octobre prochain. «J’ai cette envie de progresser dans ma formation de coach. Chaque diplôme fédéral permet d’être en contact avec la fédération (Swiss Tennis), qui emploie des personnes pour ses structures. Je suis focalisé sur le TC Bulle pour des années et il est trop tôt pour en parler. Mais, lorsque j’aurai fait mes preuves ici, pourquoi pas travailler un jour pour Swiss Tennis?» Et se prendre à rêver d’un parcours à la Severin Lüthi, anonyme joueur devenu coach de Roger Federer et capitaine de la Suisse en Coupe Davis. ■


Vincent Berset

Age. 22 ans.

Domicile. Bulle.

Profession. Professeur principal au TC Bulle et à son Ecole de tennis.

Formation. Boulanger-pâtissier au civil. Côté tennis: moniteur J+S Sport, il passera son brevet fédéral d’entraîneur C Swiss Tennis en octobre.

Comme joueur. Sociétaire du TC Bulle. A obtenu son meilleur classement en 2015, au rang N4 138 (soit le 138e joueur suisse).

Comme entraîneur. Premiers cours dispensés à la fin 2017 à Bulle. Il a ensuite intégré l’Ecole de tennis comme moniteur. Devenu officiellement professeur «en chef» en juillet 2019.

Son conseil d’entraîneur. «Ce serait de ne pas brûler les étapes et, surtout, de rester humble. Au jeune ambitieux, je lui dis aussi de croire en lui pour ne pas avoir de regrets à la fin.»

Son rêve d’entraîneur. «Pouvoir accompagner un très bon junior du club vers une carrière. Et devenir coach sur le circuit au final.»

Son modèle d’entraîneur. «Un exemple? (Ilréfléchit.) Je dirais Severin Lüthi, bien que je ne le connaisse pas personnellement. Il est là depuis des années et j’admire sa capacité à remplir plusieurs rôles – que ce soit avec Rodg’ (Federer), Stan Wawrinka ou avec la Suisse en Coupe Davis – sans jamais se disperser. Ce que j’aime aussi chez lui, c’est qu’il allie le succès au plus haut niveau à l’intégration des jeunes. Comme lorsqu’il a choisi d’aligner Jérôme Kym en Coupe Davis. Un rêve pour ce joueur qui n’avait alors que 15 ans!»


Tournoi cherche solution pour survivre

Si le tennis suisse connaît son âge d’or au plus haut niveau, on ne peut en dire autant du milieu amateur et même semi-professionnel en Suisse. Malgré les prouesses «intemporelles» d’un Roger Federer, la pratique du tennis ne progresse pas dans le pays. Comme le montre le nombre de licenciés (51485 en 2018, dernier pointage), en diminution de 2% par rapport à 2015. Autre indicateur: le nombre total de résultats enregistrés sur les tournois suisses, eux aussi en baisse de 2,6% sur la même période.

La 34e édition du Grand Prix de la Gruyère, qui se déroule en ce moment à Bulle, en est l’illustration. De 500 participants dans ses meilleures années, le tournoi gruérien est passé à 250 en 2018, puis à 150 cette année. Si les organisateurs veulent «rester optimistes» pour l’avenir, ils ne peuvent ignorer le désintérêt actuel pour le tennis de compétition. «On le ressent également chez les membres de notre club», concède Vincent Berset, professeur au rôle d’aide pour le GP de la Gruyère. «Il faut accepter que les gens s’inscrivent moins aux tournois, parce qu’ils préfèrent jouer sans contrainte d’horaires et font tellement d’autres activités à côté.»

Partant de là, quelles solutions pour relancer le Grand Prix? «Trouver la bonne date (n.d.l.r.: il a été avancé d’une semaine cette année) est un premier élément, note Vincent Berset. Ensuite, il faut avoir des personnes dans l’organisation avec un réseau très large de joueurs, pour réussir à les attirer à Bulle. Mais il faut dire que notre tournoi n’est pas le seul à souffrir de cette situation.» Juste. A Romont, le Grand Prix de la Glâne, qui n’a attiré que 23 joueurs (!) lors de sa dernière édition, doit encore décider de son avenir plus qu’incertain.

Des matches raccourcis à Marly

Pour inverser la tendance, l’Open de Marly a choisi, lui, de raccourcir les matches pour ainsi resserrer son calendrier. «Pour les dames, les juniors et les seniors, on a remplacé le troisième set par un super tie-break (jusqu’à 10 points), explique le directeur Thomas Flury. Cela nous a permis de jouer ces tableaux sur deux jours au lieu de trois.» Une expérience «positive» selon Thomas Flury, qui a vu cette année l’affluence doubler chez les dames (40 joueuses).

Le ciel n’est toutefois pas dégagé au-dessus des courts marlinois. Puisque la compétition, malgré cette légère embellie en 2019, fait également face à une érosion de sa participation (n.d.l.r.: 230 joueurs en 2019, contre 340 en 2012). «Si je compare à dix ans en arrière, il y a aujourd’hui beaucoup plus de tournois et de possibilités de disputer des matches dans notre canton, constate Thomas Flury. Les joueurs régionaux se déplacent moins facilement et c’est désormais à nous d’aller les chercher. Cette année, nous avons par exemple envoyé un e-mail (près de 5000 au total) à tous les licenciés de l’association FriJuNe.» Il en va de l’avenir – «pas menacé à Marly» assure Thomas Flury – de ces tournois, indispensables tant pour l’image que pour les finances du club organisateur. QD

Grand Prix de la Gruyère, 34e édition, Centre de tennis à Bulle, jusqu’à ce samedi, demi-finale du tableau N1/R1 à 10 h, finale à 13 h 30.

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