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Fribourg

Dès lundi, au ciné, en terrasse et au stade

Arch. – J.-B. Morel

Cette fois, c’est la bonne. Le Conseil fédéral autorise les assouplissements prévus en mars dans un premier temps.

La situation épidémiologique reste précaire, mais la pression économique et populaire se fait de plus en plus forte. Assez pour prendre un «risque modéré».

Réactions des milieux concernés par des réouvertures qui interviennent dans trois jours seulement.

YANN GUERCHANIK

COVID-19. Le Conseil fédéral s’était refusé à franchir le pas le 19 mars, il le fait aujourd’hui. Les Suisses pourront à nouveau siroter sur les terrasses et s’asseoir dans une salle pour y voir un film, un concert ou une pièce de théâtre. Ils pourront même le faire dès lundi. «C’est rapide, mais il n’y a pas d’exigence à ouvrir le 19 avril», a relevé, mercredi devant la presse, Alain Berset. Et le conseiller fédéral de marteler: «Ces réouvertures ne doivent pas être perçues comme un signal pour se relâcher. Au contraire, si nous pouvons faire ce pas en avant, c’est parce que l’immense majorité de la population se conforme aux règles qui nous protègent.»

SITUATION FRAGILE

Quatre des cinq indicateurs sanitaires déterminants pour les assouplissements dépassent encore les seuils définis. Seule l’occupation des lits en soins intensifs remplit les conditions. «La situation épidémiologique reste fragile et s’est même détériorée ces dernières semaines», constate le ministre de la Santé. Comment justifier dès lors des mesures d’allègement?

D’abord, la recrudescence des hospitalisations est relativement faible par rapport au nombre de nouveaux cas et la couverture vaccinale des personnes vulnérables «progresse bien», selon le conseiller fédéral fribourgeois. «Près de la moitié des plus de 80 ans et environ 30% des 70 à 79 ans sont complètement vaccinés.»

Ensuite, le Conseil fédéral prend en compte, ou mesure-t-il du moins, la pression générale qui pèse sur l’économie et sur la société, notamment sur les jeunes. Ainsi, il poursuit sa «stratégie basée sur les risques» et ceux encourus par ces nouveaux assouplissements sont considérés comme «modérés».

Cela dit, le Gouvernement souligne que, lorsque les hospitalisations augmentent, elles concernent toujours plus des personnes relativement jeunes: «Plus de la moitié des personnes hospitalisées actuellement ont moins de 65 ans.» Il n’exclut donc pas de devoir faire machine arrière.

À TABLE EN TERRASSE

En règle générale, les activités seront de nouveau autorisées là où le risque d’infection est moindre, où l’on porte le masque et où les distances peuvent être respectées. Ainsi, les restaurants et les bars pourront rouvrir leurs terrasses. Mais attention: les clients devront être servis à table et pourront ôter leur masque seulement lorsqu’ils consommeront. Ce sera quatre personnes par table au maximum et 1,5 mètre de distance entre chaque table, à moins qu’une séparation soit installée. Enfin, les coordonnées de tout le monde devront être enregistrées.

«Le soutien financier est garanti pour celles et ceux qui n’ont pas de terrasse, a insisté Alain Berset. De même pour celles et ceux qui renonceraient à ouvrir leur terrasse parce que cela ne serait pas suffisamment rentable.»

À 100 DEHORS, À 50 DEDANS

Les manifestations publiques se diviseront en deux catégories. Le nombre de visiteurs sera limité à 100 personnes si elles se déroulent à l’extérieur, dans le cas d’un concert ou d’un événement sportif (voir page 11), par exemple. Pour celles qui ont lieu à l’intérieur, l’audience sera limitée à 50 personnes. Cela concerne notamment les cinémas, les théâtres et les salles de concert.

Encore une fois, la capacité d’accueil du lieu devra être limitée à un tiers, ce qui ne manquera pas de s’avérer rédhibitoire pour beaucoup. Autres contraintes déjà éprouvées: le public devra être assis et porter un masque en permanence. «Les visiteurs devront respecter en tout temps une distance d’au moins 1,5 mètre avec les autres personnes ou être séparés par un siège. Il sera en outre interdit de consommer des boissons ou de la nourriture et les entractes seront déconseillés», détaille le Conseil fédéral.

A noter qu’une série d’activités – outre les manifestations privées et les activités sportives et culturelles – sont de nouveau possibles jusqu’à 15 personnes: les visites de groupe dans les musées ou les réunions d’associations, notamment. Encore une fois, avec masque et respect des distances.

Sous ces mêmes conditions, les zoos et les jardins botaniques, entre autres, pourront rouvrir dans leur intégralité, soit accueillir à nouveau les visiteurs dans leurs espaces intérieurs. Ces derniers resteront par contre fermés pour ce qui est des centres de bien-être. Enfin, les activités sportives et culturelles amateurs pourront désormais accueillir jusqu’à 15 adultes, toujours dans le respect des mesures de protection.

COURS EN PRÉSENTIEL

Les étudiants attendaient cela avec impatience: l’enseignement présentiel sera à nouveau autorisé partout. Plus uniquement à l’école obligatoire et au secondaire II, mais aussi dans les hautes écoles. Moyennant des restrictions en plus du masque et de la distance: le nombre de participants sera limité à 50 personnes et les salles de formation ne pourront être utilisées qu’au tiers de leur capacité. ■


Bientôt le tour des 50-64 ans

Médecin cantonal adjoint, Christophe Monney a fait le point, hier, sur la situation épidémiologique dans le canton, qu’il juge stable voire en légère hausse. Ainsi, mardi 13 avril, le taux d’incidence pour 100 000 habitants sur 7 jours était de 125 (en hausse), de 223 (stable) sur 14 jours. Le taux de reproduction (Re) était en hausse à 1,01 le 29 mars (1,07 pour la Suisse). Au total,28 patients sont hospitalisés à l’HFR: un chiffre stable – autour de 30 – depuis plusieurs semaines. En moyenne, on compte 2 nouvelles entrées par jour. Sur les 24 lits des soins intensifs, 20 sont occupés, dont 7 par des patients Covid (4 sont ventilés). Quatre lits sont donc encore disponibles. Enfin, sur le front de la vaccination, 72 000 doses ont été injectées: 79% des plus de 75 ans et 39% des 65-74 ans ont reçu la première dose (respectivement 65% et 19% ont reçu la deuxième). Avec la hausse prévue des livraisons, les 50-64 ans pourront se faire vacciner dès fin avril/début mai. JnG


Tests à large échelle

dans les entreprises Avec la levée progressive des mesures de restriction, le canton de Fribourg complète sa stratégie en offrant, dès la semaine prochaine, la possibilité d’organiser des tests répétitifs à large échelle sur des personnes asymptomatiques. Des tests pertinents pour les domaines de l’économie, de la formation, de la culture et du sport, des administrations publiques ou encore des institutions à risque. Mais aussi lors de certains événements ou dans des secteurs géographiques à situation épidémiologique dégradée.

Selon la Direction de la santé et des affaires sociales (DSAS), ils se justifient partout où l’on ne peut éviter des déplacements fréquents et de nombreux contacts, lorsque le concept de protection ne peut être totalement respecté ou que de nombreuses interactions sociales ont lieu.

«En fait», a précisé hier, en conférence de presse, la directrice de la DSAS Anne-Claude Demierre, «de nombreuses entreprises nous réclament ces tests en vue d’un retour de leurs employés au travail en présentiel.» D’ailleurs, le Conseil fédéral a confirmé hier que les employés soumis à tel un plan de dépistage seront exemptés de la quarantaine pour exercer leur activité professionnelle.

Phase pilote en mars

A l’issue de tests pilotes effectués en mars dans des entreprises (TPF et Micarna), des EMS (dont celui de Siviriez) et des écoles (dont l’école primaire d’Attalens), le canton a affiné sa stratégie. Ainsi, ces tests doivent être effectués de préférence chaque semaine (pas plus d’une fois), durant au moins un mois.

Le canton a retenu deux méthodes. Les tests PCR antigéniques rapides (nasopharingés), qui nécessitent une logistique lourde (ils ont lieu sur place en présence de personnel médical) et sont chronophages. Et les tests salivaires poolés, à faire chez soi (un seul test sur plusieurs échantillons mélangés). «Ces derniers sont mieux adaptés», a conseillé la Desse Barbara Oro, cheffe de projet à la task force sanitaire. «Ils économisent les réactifs grâce au pooling, mais aussi du temps étant donné qu’ils permettent de dépister un plus grand nombre de personnes.»

La DSAS diffuse l’information et conseille les entreprises et les organisations candidates. Mais ce sont ces dernières qui organisent les tests et prennent contact avec les laboratoires. Elles doivent aussi informer leur personnel que ces tests sont volontaires et anonymes (l’employeur n’en connaît pas les résultats).

La validation préalable d’un concept par la DSAS est obligatoire en vue de la prise en charge par la Confédération des tests et de leur analyse (mais pas de l’organisation elle-même). Un formulaire sera disponible dès le 19 avril sur www.fr.ch.

Cette nouvelle offre ne fait que compléter le dispositif actuel, a rappelé Anne-Claude Demierre. Elle ne remplace nullement les gestes barrières ni la stratégie du testing for action (tests à large échelle lors de flambée constatée). Une réflexion est en cours sur l’introduction de ces tests répétitifs à large échelle dans l’administration, la police ou pour les étudiants s’apprêtant à passer leurs examens finaux.

Test PCR voyage

Par ailleurs, la DSAS et l’Hôpital fribourgeois ont aussi annoncé qu’il est désormais possible d’effectuer un test PCR en vue d’un voyage au centre de dépistage cantonal via l’inscription sur la plate-forme Coronacheck. Tarif: 156 francs, à régler sur place par carte bancaire. Ce test peut aussi s’effectuer auprès de son médecin ou dans une pharmacie autorisée. JnG


Soulagement… et points d’interrogation

Thierry Loup, directeur d’Equilibre-Nuithonie. «Je suis content d’entendre le mot “réouverture”…» Mais le paquebot Equilibre restera fermé: «A 50, cela ne fait pas sens, ni artistiquement pour les comédiens et le public ni économiquement.» Pour Nuithonie, il avait anticipé. Ainsi, huit spectacles, surtout des créations fribourgeoises, sont au programme de mai à mi-juillet, dont un en extérieur sous chapiteau ouvert (100 spectateurs). Le programme sera dévoilé la semaine prochaine. Celui qui est aussi coprésident de la Fédération romande des arts de la scène attend des cantons qu’ils maintiennent les fonds alloués à la culture. Et espère qu’aucun ne sera plus strict que la Confédération. Enfin, dans un domaine où l’on travaille à dix-huit mois, l’automne sera compliqué, car sans visibilité.

Dominique Rime, directeur de la Saison culturelle CO2. «Cinquante spectateurs? A CO2, cela en fait deux par rang… Nous restons donc fermés. J’espère juste que tout reparte normalement cet automne.» Demeure l’inconnue des Rencontres du théâtre suisse, du 5 au 9 mai, en suspens. Mais cela ne dépend pas de CO2.

Jonas Brunetti, administrateur d’Ebullition. «A 33 places assises sans consommations, ce n’est pas rentable. Surtout, on casse “l’expérience Ebullition”.» Il n’y aura donc rien avant l’automne, hormis des collaborations estivales (en projet) avec des intervenants régionaux et la dizaine de résidences d’artistes organisées par Ebullition. Initiées en janvier, elles reprennent la semaine prochaine. Mais sans public.

Xavier Pattaroni, programmateur des cinémas Cinémotion. «Vu les indicateurs, je suis surpris. Mais cette réouverture est à risque. D’abord, on referme dans un mois? Et puis un tiers de la capacité, ce n’est pas viable. Ensuite, le Conseil fédéral y va à reculons: il allège, mais recommande de rester en extérieur. J’aurais préféré l’entendre rappeler que les cinémas n’ont, jusqu’à présent, pas été des foyers de contamination. Enfin, avertir mercredi que l’on peut rouvrir le lundi suivant, c’est méconnaître notre métier.»

Pour l’heure, dix nouveaux films sont disponibles la semaine prochaine. Mais tous ne sont pas assez porteurs pour rouvrir toutes les salles. Les Prado rouvriront pourtant, mais pas avant mercredi. Voire uniquement du vendredi au dimanche selon la programmation. «Car les distributeurs sont pris de court.» JnG

Marius Widmer, responsable de la communication de l’Université de Fribourg. «La formation universitaire est beaucoup plus que la seule acquisition de savoir. Les échanges directs en constituent un élément essentiel et permettent une véritable confrontation d’idées.» La reprise des cours en présentiel signifie également le retour des «discussions et rencontres spontanées sur le campus», éléments essentiels à la vie estudiantine, se réjouit Marius Widmer. «L’absence de perspectives pesait lourd sur les étudiants, mais aussi sur les autres membres de la communauté universitaire. Le rectorat doit maintenant proposer des directives tenant compte de ces décisions, tout en veillant aux aspects liés à la santé.»

Vincent Clément, gérant du café de L’Union, Bulle.
Au chômage forcé depuis plusieurs mois, l’envie de travailler a été plus forte pour Vincent Clément: «Même si nous n’avons reçu aucune information sur les aides financières en cas de réouverture, nous voulions recommencer à travailler au plus vite pour mettre tout ça derrière nous. Il s’agit aussi de donner à nos clients ce qu’ils attendent depuis de longs mois.» Dès lundi, la terrasse du café de L’Union sera donc ouverte de 11 h à 23 h. «Comme nous ouvrirons en fonction de la météo, nous fonctionnerons avec un système de drapeaux, verts ou rouges, sur les réseaux sociaux.»

GastroSuisse. Par voie de communiqué, Gastro-Suisse salue «un premier signal allant dans la bonne direction pour l’hôtellerie-restauration.» La faîtière souligne toutefois son incompréhension face au «confinement de la branche» qui constitue «une inégalité de traitement», alors que salles de cinéma et de fitness peuvent rouvrir. «La décision du Conseil fédéral ne va pas assez loin, insiste le président de GastroSuisse Casimir Platzer. Seule une ouverture immédiate et totale des restaurants peut empêcher des dommages encore plus importants pour la restauration.» G

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