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Fribourg

La santé et l’énergie enflamment le débat

Lors de cette première session de l’année au Grand Conseil, de nombreux débats ont tourné au traditionnel affrontement gauche-droite. A ce jeu, la majorité de droite a dicté sa loi. ANTOINE VULLIOUD
Philippe Huwiler

Philippe Huwiler

11 février 2023 à 06:00

Le Grand Conseil a accepté de prolonger le délai d’une année pour l’élaboration d’un contre-projet à l’initiative «Pour des urgences hospitalières 24/24 de proximité». Il a par contre refusé de mettre la main au porte-monnaie pour soulager la population face à la hausse des primes maladie.

PHILIPPE HUWILER

GRAND CONSEIL. «En aucun cas, nous voulons jouer la montre.» L’affirmation est signée Marc Fahrni (udc, Le Crêt), membre de la commission chargée d’élaborer le contre-projet à l’initiative «Pour des urgences hospitalières publiques 24/24 de proximité».

Face à la difficulté de la tâche, le Conseil d’Etat a demandé une prolongation du délai d’une année (La Gruyère du 5 janvier). Mais le directeur de la Santé Philippe Demierre l’a promis aux députés: «Je vais me déployer pour faire en sorte de vous présenter ce projet le plus vite possible, avant l’échéance prévue par la loi. Pour assurer la sécurité de la prise en charge des gens de Montbovon, d’Attalens, d’Auboranges ou de Chiètres.»

Comme l’écrasante majorité du plénum, François Genoud (centre, Châtel-Saint-Denis) a accepté cette prolongation. «Cette initiative a le mérite de nous permettre de revoir notre politique cantonale de santé. C’est une chance, mais cela prend du temps.»

Ce délai supplémentaire a été accepté à l’unanimité, moins quatre abstentions. Le contre-projet devra être prêt en mars 2024 pour une votation qui pourrait intervenir le 22 septembre 2024.

Face à la folie des primes

Le Grand Conseil s’est aussi penché vendredi sur une motion qui demande une augmentation de 30% de la part cantonale pour la réduction individuelle des primes en 2023 seulement. En attendant le résultat d’une autre motion déposée à Berne par Isabelle Chassot sur le même principe, pour la contribution fédérale. «Il s’agit d’une solution de transition. Car c’est cette année que les familles fribourgeoises vont débourser 900 francs de plus pour leur prime maladie, a expliqué l’un des motionnaires, Simon Zurich (ps, Fribourg). Entre 2012 et 2020, les primes ont augmenté de 22%, alors que dans le même temps, le canton a diminué sa contribution.» Et l’autre auteure, Marie Levrat (ps, Vuadens) de renchérir: «La population fribourgeoise est l’une des moins soutenues de Suisse romande. Si on peut investir 20 millions pour les Faverges, on doit se permettre de débourser 25 millions pour les familles fribourgeoises.»

Plusieurs intervenants à droite assurent leur sympathie pour cette motion, sans toutefois aller jusqu’à son soutien, essentiellement pour des raisons administratives et techniques. Pour Estelle Zermatten (plr, Bulle), il ne s’agit pas d’une solution d’avenir de débourser 25 millions sur une année seulement. «De plus, dans le budget 2023, le taux de subvention net est de 40,7%, soit très proche du plafond légal de 41%. Si on accepte cette motion, on devra couper ailleurs pour respecter notre législation.»

Malgré les nombreuses interventions à gauche pour défendre le texte, celui-ci a été refusé par 55 voix contre 38 et 4 abstentions. ■


Limites à la pollution lumineuse

ÉNERGIE. «Il ne sera pas question d’interdire le Festival des Lumières à Morat», a expliqué Francine Defferrard (centre, Villarssur-Glâne), qui est à l’origine du changement législatif discuté ce vendredi par le Grand Conseil. Il s’agit surtout de cadrer la pollution lumineuse de manière cohérente sur l’ensemble du territoire fribourgeois.

Ce projet n’a suscité que peu d’opposition. Les députés ont même décidé d’aller plus loin et d’intervenir sur le domaine privé. Ainsi les enseignes publicitaires et l’éclairage dans les commerces, sur les expositions et les chantiers devront être éteints entre minuit et 5 h. Le texte précise également «qu’une éventuelle réglementation communale plus restrictive en la matière est réservée».

Daphné Roulin (verte, Torny-le-Grand) a même réussi à faire intégrer un amendement tenant compte de la période des migrations d’oiseaux. «Il s’agit d’interdire l’éclairage du paysage ou la projection de la lumière vers le ciel, durant ces flux migratoires. Il peut y avoir des exceptions à cette interdiction, comme notre Fête nationale qui est un motif assez important.»

Offensive photovoltaïque avortée

Le photovoltaïque était aussi au menu des députés ce vendredi, sous la forme d’une motion des socialistes Simon Zurich (Fribourg) et Grégoire Kubski (Bulle). «Fribourg est l’un des cantons où les investissements dans le photovoltaïque sont les moins intéressants du pays pour les propriétaires, a expliqué Simon Zurich. A ce rythme, il faudra 182 ans pour couvrir le potentiel photovoltaïque du canton.» La motion propose la création d’un fonds, une planification globale, une base légale pour permettre au canton de cofinancer des infrastructures d’importance et l’obligation d’installer des panneaux sur les futurs bâtiments. Mais cela n’a pas convaincu le Grand Conseil qui a refusé cette motion par 56 voix contre 42 et 3 abstentions.

«Cette proposition part d’une bonne idée, mais c’est un coup d’épée dans l’eau, a expliqué Nicolas Kolly (udc, Essert). Le problème n’est pas dans le financement, mais dans la capacité du réseau à absorber la demande. Groupe E a dû refuser 30% des demandes, par manque de main-d’œuvre et de matériel. On ne peut pas tout miser sur le photovoltaïque. Il faudra un mix des énergies renouvelables pour atteindre nos objectifs d’approvisionnement.» PH

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