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Glâne

Comment gérer une commune sans connaître ses habitants

Nadia Savary, François Genoud et Géraldine Barras (de g. à dr.) vont rencontrer la population lors d’une première séance d’informations prévue en février. ANTOINE VULLIOUD
Elodie Fessler

Elodie Fessler

17 janvier 2023 à 06:00

Depuis quatre mois, trois personnes externes à la commune d’Ecublens remplacent l’Exécutif et possèdent les pleins pouvoirs. Géraldine Barras, Nadia Savary et François Genoud s’expriment sur cette situation bien particulière.

VALENTIN CASTELLA

ECUBLENS. «Faites passer le message: il y a un nouveau shérif en ville et les histoires sont désormais terminées.» On a l’habitude d’entendre cette réplique dans les westerns. Dans le canton, elle pourrait aussi s’appliquer à la commune d’Ecublens. Depuis le mois d’octobre, ils sont trois à vouloir remettre de l’ordre dans ce village.

Après nombre de tumultes, tout a finalement explosé en septembre 2022, avec la démission en bloc de l’Exécutif. Assemblées communales perturbées, baisse du taux d’imposition approuvée puis annulée, lettre anonyme reçue par la syndique, allées et venues à l’administration surveillées par certains citoyens… Sans solution, les membres du Conseil communal avaient jeté l’éponge. Ce qui a contraint la préfecture de la Glâne à instaurer des «mesures urgentes de surveillance».

Terminées les assemblées

Ainsi, Willy Schorderet a nommé Nadia Savary (ancienne syndique de Cugy, présidente du Grand Conseil), Géraldine Barras (conseillère communale à Pont-en-Ogoz) et François Genoud (député et ancien syndic de Châtel-Saint-Denis) membres d’une commission exerçant les pleins pouvoirs au sein de la commune. Terminées les assemblées communales: de concert, les intéressés gèrent et décident.

Une situation peu commune qu’ils ont acceptée sans sourciller, malgré le climat hostile: «Nous avons suivi cette affaire via la presse, avant de recevoir un rapport de la préfecture nous résumant les faits principaux», explique François Genoud, président de la commission.

Avec ses collègues, il a ensuite pris connaissance des derniers procès-verbaux des assemblées communales, afin de comprendre «le fonctionnement» de celles-ci. Le nœud du problème, affirme le Veveysan. Car «le Conseil en place a fait son travail». Nadia Savary complète: «Après la démission en bloc, l’administration a tenu le bateau.»

Réunis pour la première fois le 17 octobre, les trois membres se sont réparti les dicastères. Pour résumer, François Genoud se charge de l’administration et des routes, Nadia Savary des finances et des écoles, Géraldine Barras de l’aménagement, des constructions et des bâtiments communaux. Après avoir réglé les affaires courantes, ils se sont confrontés à un immense défi: celui de prendre connaissance des dossiers. «Ne provenant pas de la commune, nous ne connaissions pas leur historique, concède Géraldine Barras. Tout était à découvrir.»

Un bon accueil

L’automne a également été rythmé par la participation aux assemblées des délégués des associations de communes. «C’est spécial de représenter une commune où on ne connaît personne», poursuit Géraldine Barras. Quel a été l’accueil des citoyens? «Les rares contacts que nous avons eus avec la population se sont bien déroulés.»

La commission a en outre rencontré les protagonistes des affaires qui ont secoué la commune. Les anciens conseillers et «tous ceux qui ont souhaité nous parler», résume François Genoud. Dont un représentant des opposants aux récents démissionnaires.

«Dans le calme, il a donné sa version des faits», décrit le président. Et d’assurer que «pour le moment, tout se déroule bien». «Nous venons de la Broye, de la Gruyère et de la Veveyse, ce qui nous permet de ne posséder aucun intérêt personnel.»

En toute transparence

Se réunissant une fois par semaine à Ecublens, le trio prend les décisions sans devoir consulter la population.

Nadia Savary précise: «Oui, nous décidons. Mais nous avons à cœur de communiquer avec la population en toute transparence. Des séances d’informations seront organisées. Nous pourrons entendre les questions et les souhaits des citoyens.» La première est prévue en février. La date n’est pas encore précisée.

A ce moment-là, il leur sera dévoilé le budget 2023, qui doit être bouclé à la fin du mois. Sans surprise, la fameuse chute du taux d’imposition à 10% n’y figurera pas. Des investissements seront aussi à l’ordre du jour. «Malgré la situation, les projets concernant uniquement Ecublens ne seront pas repoussés», assure François Genoud. «La commune doit continuer à avancer», ajoute Géraldine Barras. «Evidemment, certains investissements feront l’objet de discussions avec les communes voisines dans le cadre du projet de fusion.»

Celle-ci est prévue pour le 1er janvier 2025. Le trio a désormais intégré les différents groupes de travail. Ils y participent avec la conviction qu’un mariage est nécessaire. «Cette fusion représente l’avenir, clame Nadia Savary. Notre mission est aussi d’amener la commune à cette échéance.»

Apaiser les tensions

Ont-ils la volonté de réconcilier les deux camps qui s’opposent? «Notre objectif principal est de faire vivre la commune jusqu’à la fusion», assure Géraldine Barras. Nadia Savary enchaîne: «Tant mieux si nous parvenons à apaiser les tensions. Ces histoires ont été vécues comme un électrochoc. Les citoyens n’ont plus envie de revivre ces situations. Nous verrons comment la première séance d’information se déroule. Nous sommes certains que l’issue sera positive.» ■


Un élu qui ne siège pas

Le dimanche 25 septembre, à l’occasion d’une élection complémentaire, Jean-Louis Dubler avait été élu au Conseil communal d’Ecublens. Or, celui-ci n’a jamais siégé, puisqu’une commission a entre-temps été mise en place par la préfecture. Le Glânois n’a jamais été assermenté. «Pour l’instant, j’ai été élu pour rien», regrette-t-il. Jean-Louis Dubler se dit étonné que personne n’a pris contact avec lui jusqu’à présent: «Je suis tout de même le dernier élu de la commune.»

L’homme voit toutefois la situation actuelle d’un bon œil. «Les personnes en place ne sont pas impliquées dans la vie du village. Elles ont l’occasion de prendre des décisions qui peuvent en fâcher certains, mais qui vont dans le bon sens.»

En cas de fusion, un Conseil général serait instauré avec les communes voisines. L’homme deviendrait ainsi le dernier conseiller élu. VAC


Le ressenti de quelques citoyens

La Gruyère a souhaité savoir comment la population d’Ecublens vivait la situation. Un objectif qui s’est révélé compliqué, puisque le nombre d’habitants croisés jeudi passé pouvait se compter sur les doigts d’une main. La première personne abordée ne semblait pas très intéressée par la thématique: «On verra bien!» Installée ici depuis près de trente ans, elle ajoute ne plus aller aux assemblées communales depuis plusieurs années. «Il y avait un mauvais climat entre certains habitants qui voulaient toujours avoir raison.» Plus loin, un homme avoue ne jamais y avoir mis les pieds, tandis qu’une dame, elle, explique «ne pas se mêler de ce genre d’histoires».

Plus loin dans le village, un agriculteur estime que ces événements «ne lui ont pas changé la vie». Il ajoute faire confiance aux trois personnes nommées qui gèrent actuellement Ecublens. Plus au fait de l’affaire, une habitante est formelle: il y a eu un manque de communication entre l’Exécutif et ceux qui voulaient la baisse du taux d’imposition. «C’est bien triste que tout ça se soit passé. Cela faisait un petit moment que ça coinçait pendant ces assemblées. Les gens ne disaient que des choses négatives.» Quant à la suite, l’habitante se veut confiante: «On aura une fusion dans pas longtemps et je suis pour. On ne peut pas continuer comme ça.» EF

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