«Il était clair que le site n’allait pas devenir désert»

Propriétaire de l’ancien site HFR de Billens, le Réseau santé de la Glâne a présenté lundi la réaffectation du désormais Centre de santé du Sud fribourgeois. Une dizaine de partenaires médicaux y proposent des prestations ambulatoires.

ÉLODIE FESSLER

BILLENS. En automne 2019, le Réseau santé de la Glâne (RSG) apprenait le départ de l’Hôpital fribourgeois (HFR) du site de Billens. En collaboration avec les communes glânoises, la préfecture et les députés, le RSG a alors mis sur pied différents groupes de travail pour imaginer un centre de santé proposant des prestations de soins ambulatoires.

Trois ans plus tard, l’ancien hôpital fait désormais partie intégrante du Centre de santé du Sud fribourgeois, qui comprend également les sites de Châtel-St-Denis et de Riaz (La Gruyère de samedi). Le RSG a proposé, lundi aux médias, un tour du propriétaire en présence des différents partenaires. Ceci en vue d’accueillir, ce samedi, la population pour une journée portes ouvertes de 10 h à 16 h.

«Offre complémentaire»

«Le but premier de ce projet était d’apporter une offre complémentaire médicale à la population glânoise, a expliqué Willy Schorderet, préfet du district et président du RSG. Il était clair que le site n’allait pas devenir un désert à la suite du départ de l’HFR.»

Puis, il a fallu trouver des partenaires. «L’intérêt de ces derniers est venu très rapidement, a relevé Gilles Oberson, cheville ouvrière du projet. Rapidement, un mix de pratiques s’est dessiné, correspondant à nos objectifs de départ.»

Le centre médical regroupe ainsi trois médecins généralistes, des cabinets d’ergothérapie et de physiothérapie, une naturopathe, une nutritionniste, une masseuse médicale, une kinésiologue, une médium guérisseuse et une personne prodiguant des soins chamaniques. Sans oublier les ligues de santé du canton Fribourg. Le district était le seul à ne pas disposer de leurs antennes, a souligné Gilles Oberson.

«Au-delà d’une offre multiple, nous voulions aussi créer une émulation de prestataires régionaux. Ceci pour mettre sur pied des projets interdisciplinaires.» Une fois tous les deux mois, une réunion a lieu en ce sens, avec le soutien du RSG.

La cohabitation entre médecins et thérapeutes se passe bien, assurent les concernés. «Les médecines intégratives et parallèles sont aussi une réponse à la demande des patients. Il ne faut pas se fermer à tout cela, a réagi Fabrice Jouanneau, médecin généraliste. Nous sommes par exemple en train de mettre en place un projet de chien thérapeutique avec le cabinet d’ergothérapie.»

L’occasion, aussi, d’avoir une discussion plus ouverte entre patient et médecin, relève Florian Helfer, physiothérapeute. «Le patient osera plus facilement dire à son médecin généraliste qu’il consulte un thérapeute pour des soins chamaniques.» Et Christine Cochard, médium-guérisseuse d’ajouter en souriant: «L’ambiance est bonne, on ne se regarde pas en chiens de faïence. C’est agréable d’avoir des contacts avec d’autres thérapeutes chez qui on peut rediriger le patient. Car chacun de nous a ses limites.»

Bassin à pleine vitesse

La visite s’est terminée par un point central du bâtiment: le bassin thérapeutique. Celuici fonctionne à pleine vitesse et son exploitation est assurée par l’Epicentre de Romont. «Nous voulions absolument qu’il continue à être utilisé. Il y avait une énorme demande de la part de la population», a affirmé Gilles Oberson.

Dans une eau à 31°, des patients s’adonnent à leurs exercices, avec une vue imprenable sur la colline de Romont. «Nous cherchons à mettre en commun des patients avec des pathologies différentes. Le but est d’expérimenter le partage et l’entraide, tout en laissant de la place aux thérapies individuelles», explique Florian Helfer, en charge de la gestion du bassin. Les résidents des EMS peuvent eux aussi venir profiter de la piscine, tous comme les patients de spécialistes externes au centre de santé.

Florian Helfer gère également les salles de gymnastique et de fitness. À terme, elles accueilleront divers cours. «Nous venons d’ailleurs de créer un partenariat avec le FC Billens qui viendra s’entraîner pendant l’hiver. On aimerait retrouver ici autant une dame de 70 ans, qui aurait été opérée du genou, qu’un sportif de 20 ans qui veut se faire une condition physique.»

Et Gilles Oberson de conclure: «Le bâtiment appartient aux communes glânoises. Il était très important de ne pas le rendre exclusif et d’en faire profiter un maximum de monde.» ■

Billens, Centre de santé, portes ouvertes samedi 28 janvier de 10 h à 16 h

L’HFR n’est pas encore présent à Billens

DÉFIS. En présentant le nouveau Centre de santé de Billens, propriété du Réseau santé de la Glâne (RSG), Willy Schorderet a souligné les mises en place à venir. A Billens, les chambres actuellement louées à l’ORS et accueillant des réfugiés seront à nouveau occupées par des résidents d’EMS à l’horizon 2025. «Nous aurons besoin à moyen terme de ces 34 chambres offrant 48 lits au maximum.» Une future affectation qui engendrera quelques travaux de réfection. Le budget dédié aux réaménagements, d’un montant de 450 000 francs est pour l’instant respecté, a précisé Jacques Tena, directeur-adjoint du RSG. «À terme, nous devrons aussi refaire l’enveloppe du bâtiment et le parking.»

L’étage E, occupé actuellement par le centre d’ergothérapie et l’ORS, dispose encore de locaux vides. «Ce demi-étage pourrait accueillir un cabinet de médecine gynécologique ou pédiatrique», a relevé Nadia Marchon, directrice du RSG.

200 à 250 patients par jour

Bien que l’HFR loue actuellement au RSG trois cabinets et un bureau au rez-de-chaussée, il ne prodigue actuellement aucun soin ambulatoire à Billens. «Quelques médecins sont venus consulter ici l’an passé. Il y a ensuite eu des réorganisations internes. Mais l’HFR viendra à terme sur le site», a relevé Gilles Oberson. Est citée pour exemple la mise en place d’un cabinet de télémédecine. Et Willy Schorderet d’ajouter: «Des discussions importantes sont en cours. L’HFR a pour volonté d’être présent sur ce site du Centre de santé du Sud fribourgeois. Il faut maintenant du concret. Nous aurons prochainement une réunion stratégique à ce propos.»

Le nouveau centre de santé évoluera ainsi encore avec l’arrivée de l’HFR et de nouvelles disciplines. «Il prendra une ampleur plus grande qu’aujourd’hui et répondra au mieux aux attentes de la population glânoise. Nous accueillons déjà entre 200 et 250 patients par jour, c’est extrêmement réjouissant», conclut Gilles Oberson. EF