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Cinéma

«Je pense très souvent à tourner quelque chose en Veveyse»

Actuellement en tournage, la troisième saison de Wilder n’est pas réalisée par Pierre Monnard, occupé sur d’autres projets. RTS

PAR CLAIRE PASQUIER

CINÉMA SUISSE. La policière Rosa Wilder se retrouve avec trois cadavres sur les bras au fin fond du Jura bernois. En six épisodes, l’enquête qu’elle mène va dérouler le fil tout en faisant resurgir des éléments de son propre passé… Réalisée par le Châtelois Pierre Monnard, la saison deux de Wilder débarque jeudi sur RTS Un. Dans nos contrées, le Zurichois d’adoption avait déjà marqué les esprits des sériephiles avec Anomalia, tournée en Gruyère. En ce début d’année, le quadragénaire assure également la promotion de son long métrage, Platzspitzbaby. Visible en mars en Suisse romande, le film retrace le passé sombre de cette célèbre scène ouverte de la drogue à Zurich.

Qu’est-ce qui vous a attiré dans Wilder?

C’est une vraie série policière. En Suisse, il n’y en a pas eu beaucoup de ce genre. Surtout des séries horizontales, constituées d’une seule intrigue. Ce qui m’a vraiment attiré, c’est qu’on s’intéresse de très près aux personnages et à leurs drames personnels. Et puis moi qui adore construire des atmosphères et travailler la mise en scène, elle fait la part belle aux paysages.

La première saison a davantage fait de retentissements en Suisse alémanique, comment convaincre les Romands de rattraper le train en route?

Le fait qu’il y ait une deuxième saison signifie que la première devait être bien. Depuis que la saison 2 a été annoncée, nombre de mes amis romands m’ont dit avoir rattrapé la série. Les gens qui aiment la nature, les beaux paysages, les polars bien ficelés, vont trouver leur compte dans Wilder. Et puis on a un supercasting.

Qu’est-ce qui vous plaît dans la réalisation de séries?

Raconter une histoire sur six heures! Avec le temps imparti, on peut vraiment creuser chaque personnage et lui donner de la profondeur. Le but étant que le spectateur s’attache à chacun d’entre eux. D’autant plus que dans Wilder, il y a cette logique à la Agatha Christie, où chaque personnage cache un secret. C’est un plaisir de trouver la parade pour qu’on soit intrigué, touché et surtout surpris par chacun.

Vous avez tourné Anomalia en Gruyère, Wilder dans le Jura, imaginez-vous tourner dans votre district d’origine?

J’adorerais tourner en Veveyse. Lorsqu’on filmait Anomalia, j’avais beaucoup aimé tourner des scènes à Châtel-Saint-Denis. Notamment les scènes de piscine dans celle du CO. Pour l’instant, je n’ai pas un scénario qui s’y prête, mais j’y pense très souvent.

Quel lien entretenez-vous avec Châtel-Saint-Denis?

Mes parents y habitent toujours. J’y retourne souvent. Je suis très attaché à mes origines fribourgeoises. J’importe notre excellent fromage et cuisine des fondues moitié-moitié à mes amis zurichois qui sont devenus accros (Il rit).

Vous avez pris goût au cinéma au Sirius, quels souvenirs de cette salle gardez-vous?

J’ai grandi à côté du Sirius et quand j’étais gamin, quand il pleuvait, on allait y voir plein de films. Je me suis aussi lié d’amitié avec les gens qui tenaient le cinéma. J’allais dans la cabine de projection… C’était un peu le Cinema Paradiso pour faire cliché. J’ai beaucoup de tendresse pour cet endroit dans lequel je retourne pour voir des films et présenter les miens.

Vous réalisez aussi des publicités, celle d’Allianz pour la journée du cinéma notamment.
Une façon d’assurer un revenu?

La publicité est une très bonne école et un exercice de précision. Raconter une histoire de trente secondes qui soit compréhensible du premier coup, provoquer des émotions, c’est très difficile. Bosser dans la publicité, c’est aussi avoir la chance de travailler avec de plus gros moyens. Et ça permet également de gagner sa vie. Ce qui est très difficile lorsqu’on veut faire du cinéma et être réalisateur en Suisse. Il faut ramer un bon moment avant qu’on ne nous donne une chance.

La première fois que La Gruyère vous interviewait, c’était en 2002. Vous aviez gagné un prix à Soleure pour un court métrage. Quel regard portez-vous sur le chemin accompli?

J’ai l’impression que c’était hier. C’est passé à toute vitesse. Je suis très reconnaissant. C’est beaucoup de travail et de nuits blanches, mais c’est un métier extraordinaire. J’ai la chance de réaliser des projets qui me passionnent avec des gens que j’apprécie et il y a un public pour les regarder!

Votre nouveau long métrage Platzspitzbaby était en tête du box-office lors du week-end de sa sortie en Suisse alémanique, parlez-en-nous…

Il est tiré d’une autobiographie qui est un best-seller. Il raconte l’histoire d’une petite fille de onze ans et de sa mère toxicomane qui fréquente le Platzspitz. Ce rôle tout à faire bouleversant est joué par Sarah Spale, Rosa Wilder dans Wilder. J’ai voulu être au plus près de la vérité par respect pour cette histoire et ces années qui ont marqué des générations. C’est un drame avec des touches de lumière.

Avez-vous déjà d’autres projets en route?

Je vais tourner une nouvelle série, dont je ne peux pas encore parler. J’ai également un long métrage en préparation pour 2021. Là, on est en phase finale d’écriture et on entre dans la phase périlleuse qui est celle du financement. Je prépare aussi un nouveau documentaire avec David Rihs qui parle de notre époque en colère. ■

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