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Cinéma

Les années exceptionnelles ne se suivent pas toujours…

Les Prado, à Bulle, ont enregistré une baisse de fréquentation de 8,3% en 2012. Les documentaires et fictions helvétiques ont séduit. Le programmateur explique pourquoi les Bullois ont été privés de James Bond.

PAR ERIC BULLIARD

Après une année exceptionnelle, un tassement: la fréquentation des cinémas bullois a connu un léger recul en 2012, affichant un total de 71732 spectateurs. Soit une baisse d’environ 8,3%, qui n’a «rien d’alarmant», selon Xavier Pattaroni, programmateur du groupe Cinemotion.
En 2011, deux phénomènes inattendus avaient permis aux Prado de dépasser les 78000 spectateurs: Intouchables et Sentier des vaches. Le premier a encore comptabilisé plus de 3600 entrées au début 2012, atteignant un total faramineux de 14266 pour l’ensemble de son exploitation bulloise. Le second, avec 8300, dépasse très largement le meilleur score de 2012. Tout comme Rien à déclarer, qui complétait le podium 2011 (7500).
«Cette année, il n’y a pas eu vraiment de films qui ont boosté la fréquentation», relève Xavier Pattaroni. En soulignant qu’au niveau romand, la baisse se situe aux alentours de 5%. «Nous sommes un peu en dessus, mais si nous avions eu Skyfall, nous serions sur la m�me ligne que nos collègues romands.» Un désaccord avec le distributeur (lire encadré) a en effet privé les Bullois du dernier James Bond, plus gros succès public de la saga 007.
Au palmarès, comme chaque année, les films tous publics se retrouvent aux premières places. L’�ge de glace 4 finit en t�te avec 5216 spectateurs. Il fait moins bien que L’�ge de glace 2 (8841 en 2006) et 3 (6052 en 2009), mais mieux que le premier, en 2001 (4349). A noter également que l’année 2012 a vu l’arrivée de la 3D à Bulle, en juin. Bilan du programmateur: «Les films en 3D ont attiré 17000 spectateurs, soit 23% de la fréquentation globale sur la demi-année. Les Bullois ont attendu la 3D, mais ils l’apprécient. Nous ne regrettons pas cet investissement.»
Bien que terminant troisième (3167), Astérix et Obélix: au service de sa majesté confirme ce que le film lui-m�me laissait deviner: la saga du petit Gaulois s’essouffle. Le catastrophique Astérix aux jeux Olympiques avait réalisé un score nettement meilleur (5210, en 2008). Quant aux 11000 spectateurs de Mission Cléop�tre, d’Alain Chabat (2002), ils apparaissent hors catégorie. Ce résultat, Chabat a été loin de l’atteindre avec Sur la piste du Marsupilami, qui se hisse toutefois au deuxième rang de 2012 (3667).


Les Suisses cartonnent
Parmi les particularités de ce palmarès: le succès des documentaires suisses. Deux d’entre eux figurent dans le top 10, Le vieil homme à la caméra (7e avec 2174 spectateurs) et Hiver nomade (9e, 1479). Et ils sont cinq dans les 50 premiers, avec encore More than honey (15e, 1191), Le chemin du paradis (17e, 1132) et Sadhu (41e, 544). Soit un total de 6500 spectateurs.
En ajoutant les fictions L’enfance volée (27e, 785) et L’enfant d’en haut (38e, 570), les films suisses cumulent près de 8000 entrées, soit 11% de l’ensemble. Un résultat «largement supérieur à la moyenne helvétique, se réjouit Xavier Pattaroni. Les documentaires et les films suisses ont vraiment leur place à Bulle. On sent une attente du public pour les choses ancrées dans le concret.»


En manque de magie
Déception en revanche pour The hobbit (6e, 2338). «Tout le monde s’attendait à faire mieux. C’est à l’image du film: on retrouve l’univers de Peter Jackson, mais il manque de magie.» Décevants également Hunger games (19e, 999) «phénomène anglo-saxon avant tout», et Men in black 3 (23e, 846), «qui fatigue un peu», ainsi que J. Edgar (33e, 715), «le plus faible Eastwood à Bulle depuis longtemps». Xavier Pattaroni espérait mieux également du dernier volet de Twilight (5e, 2389).
Deux des meilleurs films de 2012 connaissent des résultats opposés: vu sa qualité, De rouille et d’os aurait mérité plus que ses 275 entrées (61e). Alors qu’Amour, autre chef-d’œuvre de l’année, s’en sort bien «pour un film aussi exigeant» (43e, 509). A Bulle, un film d’auteur qui réunit 500 spectateurs est en effet considéré comme un succès.
En guise de bonne surprise, outre les films suisses, Xavier Pattaroni cite surtout Ernest et Célestine: certes, le film termine à la 30e place (749 entrées), mais ce résultat intervient après une série de projections scolaires, qui ont réuni 701 élèves. «Je craignais qu’elles ne tuent le film, mais les enfants ont réussi à convaincre leurs parents d’aller le voir.»


Almodovar et Jeunet
Après un début 2013 plut�t calme, plusieurs films sont particulièrement attendus pour la fin mars. Comme le nouveau Pedro Almodovar (Les amants passagers), le film d’animation Les Croods et le retour de Tom Cruise à la science-fiction avec Oblivion, de Joseph Kosinski (réalisateur de Tron). Mai s’annonce assez riche avec la nouvelle version de Gatsby le magnifique, signée Baz Luhrmann (avec Di Caprio), Jurassic Park 3D (qui marquera les vingt ans du premier film de la trilogie) et le film d’animation Epic.
Pour la fin de l’année, sont notamment annoncés le nouveau Jean-Pierre Jeunet, adaptation en 3D du roman d’aventures L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet (en octobre). Ainsi que les deuxièmes volets de Hunger games et de The hobbit (le 11 décembre).

 

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Pourquoi 007 n’est pas venu à Bulle
Un absent de marque dans le palmarès 2012 des cinémas bullois: Skyfall, le dernier James Bond, gros succès de box-office en Suisse romande et partout dans le monde. Xavier Pattaroni, programmateur du groupe Cinemotion a renoncé à le mettre à l’affiche, tout comme Django unchained, le nouveau Quentin Tarantino, par exemple. Les deux films sont distribués par Disney, avec qui s’est engagé un bras de fer sur les conditions de location.
«En Suisse, le taux de facturation d'un film est dégressif, explique Xavier Pattaroni. Les premières semaines, 50% des recettes sont reversées au distributeur et ensuite le taux baisse, mais ne descend pas en dessous de 30%. Or, Disney essaie d’introduire un nouveau système de facturation, avec un taux fixe, plus élevé que la moyenne.»
Le distributeur a signé un accord avec quelques groupes présents sur le territoire romand, mais cette pratique demeure minoritaire en Suisse.
Disney souhaiterait que Cinemotion accepte ce système. Pour Xavier Pattaroni, la question n’est pas seulement financière: «C’est dommage que le public bullois soit privé du dernier James Bond, mais il y a des principes qui valent la peine d’�tre défendus.» EB

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