Un «non» intéressant

Le non à la loi sur le CO2 est intéressant à plus d’un titre. En premier lieu, il est exagéré de parler de fossé entre villes et campagnes. Certes, le monde paysan s’est bien mobilisé, il s’est majoritairement exprimé par le non, moins par conviction profonde que par solidarité corporative. Il faut aussi souligner qu’en amont de la votation, les milieux de l’automobile et pétrolier ont fait marcher le tiroir-caisse pour un soutien discret mais bien ciblé en faveur du non. A ce propos, l’argument économique simpliste servi par les opposants «la voiture pour les riches» a sans doute marqué les esprits et favorisé le renversement de tendance très favorable au oui en début de campagne sur le sujet.
Le résultat du vote traduit aussi le dilemme vécu par beaucoup de votants, partagés entre la conscience de la gravité du dérèglement climatique et leur réticence face aux sacrifices exigés de tout un chacun pour éviter le désastre prédit par tous les experts si des mesures correctives rigoureuses dans nos comportements ne sont pas appliquées.
Cela commence par de longues et précoces sécheresses, telles qu’en connaît actuellement la Californie. Nous traverserons là des tragédies, dont les premières victimes, caprice du sort, seront les paysans, ensuite, de larges populations touchées par la famine. Bien sûr, les bonnes volontés vont remettre l’ouvrage sur le métier, car la Suisse ne saurait se dérober à ses engagements en faveur du climat pris à la Conférence de Paris et, indépendamment de ceux-ci, doit réagir localement face à une nécessité absolue.
Sur ce dernier point, il est utile de noter que parmi les opposants à la loi, l’on trouve les fatalistes dont l’argument est que quels que soient les engagements contre le réchauffement climatique émanant des Etats, des entreprises, des particuliers, leur respect ne peut être que partiel, voire inexistant ou annulé par la triche, tel le Dieselgate.
Clovis Colliard, Châtel-sur-Montsalvens